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Elle pédala avec difficulté, comme abattue par les tristes nouvelles qu’elle venait d’entendre.
               De temps en temps, une voiture la doublait en klaxonnant et cet avertissement sonore

               raisonnait dans sa tête comme un rejet, un jugement.



               Lorsqu’elle eut rejoint son immeuble, elle descendit le vélo au sous-sol et le replaça

               exactement à l’endroit où elle l’avait trouvé cette nuit.
               Elle s’allongea, s’endormit et fit un mauvais rêve. Le visage d’Emeric enfoui dans les pins et

               les pleurs de Gwen la firent sursauter.
               Elle se réveilla, jeta un petit coup d’œil à son portable. Vendredi 13, 15 heures 30.

               Elle sauta du lit, grimpa deux étages quatre à quatre, sonna chez Julien.

               Elle trépignait sur le palier lorsqu’il ouvrit la porte. Les cheveux en désordre, l’œil éteint, il se
               réveillait.

               - « Tu interromps ma sieste » grommela t’il.
               - « Habille toi vite, nous allons à Kérity, …enfin, si tu es d’accord ».

               - « J’ai l’impression que je n’ai pas tellement le choix ».

               Julien enfila rapidement un pantalon et un tee-shirt, il chercha ses clefs de voiture dix longues
               minutes, ce qui agaça Aline. Finalement, il les trouva dans la poche de son blouson.

               Dans le parking sombre ils chargèrent le vélo dans la voiture après avoir rabaissé les sièges
               arrière et firent route vers Kérity.



               Le ciel avait pris une teinte bleu acier et se confondait avec la mer. Le vélo, mal fixé à

               l’arrière de la voiture suivait les mouvements de la voiture et se balançait de droite à gauche

               dans les virages en grinçant légèrement.
               Aline s’impatientait.

               - « Tu ne peux pas rouler plus vite » ? maugréa-t-elle.
               Julien ne répondit pas, il connaissait bien Aline et pouvait ressentir son trouble.



               A Kérity, le port et ses cafés brillaient sous le soleil d’Août.

               Aux terrasses, les touristes sirotaient des boissons fraîches en regardant la mer.

               Derrière leurs lunettes de soleil, les visages aux jolies couleurs dorées respiraient le bonheur.
               Ils se dirigèrent vers la rue de Kerandraon et découvrirent la maison de Gwen.

               Une barrière en bois bleu délimitait un petit jardin arboré d’où s’échappaient des parfums de

               roses.
               Sur une petite table en métal blanc reposait une théière au décor asiatique.


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