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- Bonjour Mademoiselle CASIMIROV. Je me présente : Raoul LEBORGNE,
Huissier de Justice, détaché pour la matinale de First Radio, dans l’émission de
Monsieur Driss HATTIFA, dit ZENKO. Je devais vous certifier que vous avez été tirée
au sort sous l’autorité de ma mandature. Vous êtes l’heureuse gagnante d’un voyage
de 13 jours dans les Îles Sous-le-Vent.
- Votre séjour ultra-marin est un voyage en pension complète pour deux
personnes, à Bora-Bora, à l’hôtel 5 étoiles l’Otemanu. J’attends que vous me
recontactiez afin de formaliser l’acte officiel et afin de mieux vous informer quant aux
modalités de votre gain. Cordialement. R. LEBORGNE.
A peine avait-elle eu le temps de déchiffrer cet incroyable message que, de nouveau, son
téléphone diffusait la mélodie insipide qui se trouvait par défaut, dans le mobile, et qu’elle
n’avait jamais pris soin de modifier.
« Chérie Mimi !!! Amour de ma vie ! Je savais que les anges allaient te sourire ! ».
Il s’agissait de Fanny. Fanny oscillait toujours entre l’exaltation et la mélancolie. Bipolaire
mondaine, mais passionnée authentique, Fanny faisait rarement la part des choses pour
cheminer vers la tempérance.
« Comme j’ai trop bien fait de t’inscrire au concours de First Radio ! Alors, on dit merci
qui ?
- Eh bien… Je suppose qu’on dit : Merci Nini !
- Suis trop trop contente ! Mais je le savais ! Les cartes ne mentent pas ! »
Le mystère était résolu. Driss Hattifa, alias Zenko, l’avait contactée suite à un hasard tronqué.
Après, qu’elle soit la grande gagnante était le fruit d’une heureuse statistique. Il fallait bien
que quelqu’un remporte le prix convoité ; qu’elle fut cette personne était une jolie providence
dont elle n’était que l’aléatoire instrument. Ce vendredi 13, plus que tout autre, n’allait pas
manquer d’être mémorable. Par la suite, Myrna allait rester coincée dans l’ascenseur montant
vers l’étage où elle officiait durant précisément 2h49 minutes. Que cela corresponde à 13 x 13
minutes, cela n’interpelait personne, surtout pas la concernée. Quant au restant de cette
journée ordinaire, il n’y avait à s’étonner de rien. Car, après tout, quoi de plus banal que de
voir un pigeon venir s’écraser contre la vitre de son bureau ; quoi de plus trivial que de
trouver une bague en or dans les toilettes communes ; quoi de plus normal, en somme, quand
on y pense, que d’apercevoir un grand triangle lumineux dans le ciel saturé d’orage, et de se
dire, nonchalamment : ‘’Les avions d’aujourd’hui ont vraiment une drôle de forme !’’.
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