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« Oui, c’est bien elle… A qui ai-je l’honneur ?
- L’honneur, rien que ça ! Myrna, c’est Zenko, de First Radio ! Est-ce que tu nous
écoutes ? »
Myrna, jusqu’à cette seconde, ignorait l’existence de Zenko. Quant à First Radio, en toute
conscience et au même titre que toutes les bandes FM tintouinabulantes, seule une méprise
liée au hasard aurait pu jouer sur les ondes hertziennes pour qu’elle en écoutât les éructations
sonores.
« Euh… Désolé, mais je dois aller travailler.
- Travailler, Myrna ! A la bonne heure ! Mais sais-tu quel jour nous sommes ?
- Le vendredi 13 novembre, répliqua-t-elle, non sans une pointe d’agacement.
- Le vendredi 13, c’est exact ! Et c’est ton jour de chance ! Zenko t’appelle, et sais-tu
pourquoi Zenko de First Radio t’appelle, Myrna ? Pour t’offrir un sublimissime voyage
pour deux, tous frais payés, pour deux personnes, à Boooraaa-Booorrraaa !!! Alors, est-ce
qu’elle est contente, Myrna ?! »
Myrna était à deux doigts de raccrocher au nez de cet intrigant qui s’autorisait à la tutoyer et à
l’importuner de bon matin. Cependant, la situation était tellement surréaliste qu’elle s’en
trouvait décontenancée… momentanément.
« Myrna ?! Elle ne dit plus rien ! Elle est séchée par l’émotion !
- Justement, il faut que j’aille me sécher les cheveux ! Bonne journée ! »
Myrna avait rabattu le clapet de l’étui de son portable. Elle avait perdu suffisamment de
temps. Son téléphone s’était remis à sonner dans la foulée, mais elle avait décidé de décliner
l’appel. Ce vendredi 13, décidemment, débutait de manière cocasse.
Myrna était passée à autre chose. Il fallait qu’elle se dépêche, vendredi 13 ou pas. Et l’appel
téléphonique, bien que de courte durée, l’avait ralentie dans la progression millimétrique de
son organisation matinale. En outre, l’orage qui s’était invité, déjouant les prévisions
météorologiques, l’avait contrainte à changer sa garde-robe. Cette journée débutait de façon
calamiteuse.
Entre son départ de chez elle et son arrivée sur le parking de l’usine, son téléphone n’avait eu
cesse de retentir. A coup sûr, sa fulgurante interview radiophonique n’était pas restée
confidentielle. Aussi, est-ce que cet olibrius de Zenko était réellement obligé de dévoiler son
nom à l’antenne ?
Par curiosité, Myrna avait regardé son téléphone. Pas moins de treize appels en absence. La
trentenaire souriait. Ce nombre fatidique la poursuivait. A ceci, s’ajoutait cinq SMS, dont
deux émanaient d’un numéro qui n’était pas enregistré dans son répertoire électronique. Ne
risquant rien, Myrna avait ouvert ces messages attisant une soif un peu malsaine.
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