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Elle maudit sa curiosité pendant dix bonnes minutes, et elle savait pertinemment qu’elle
n’apprendrait jamais de ses erreurs. Finalement, elle décida d’avancer à l’aveuglette dans le
drôle d’endroit où elle avait atterri. Elle ne sentait rien mais peu à peu, le noir se dissipait
laissant place à quelques couleurs, bien qu’un peu ternes.
« Je ne suis donc pas aveugle, » se rassura-t-elle dans un soupir de soulagement, oubliant
probablement la deuxième option. Elle avait remarqué qu’elle était dans une maisonnette très
mal éclairée et composée de meubles bien trop petits pour une adulte de sa taille. Elle se
sentit géante, et c’était une impression tout bonnement fascinante. Elle nota une petite boîte
posée sur ce qui lui semblait être une table de chevet, et ne résista pas à l’idée de l’effleurer
du bout des doigts.
— C’est très impoli de voler ! fit une voix mystérieuse.
Elle dut lutter contre l’envie irrésistible d’ouvrir l’objet et recula en hochant la tête.
— Qui êtes-vous ?
— Ce serait plutôt à moi de vous poser la question, répondit la voix d’un air important.
— Ma foi, je me présenterais volontiers si j’avais quelqu’un à qui m’adresser.
— Soit ! répliqua la personne qui parlait dans son coin, visiblement offensée.
Le drôle de personnage qui s’était adressé à elle était sorti de sa cachette – un minuscule
canapé gris –, et se plaça devant les talons de la jeune femme. Elle comprit instantanément
pourquoi les meubles étaient si petits… Elle était face à un chat. Elle aimait bien les chats et
se serait sûrement permise de le caresser s’il n’avait pas eu une voix si grave et s’il ne s’était
pas perché sur ses deux pattes arrière comme un humain l’aurait fait. Cette vision lui donna
une fâcheuse envie de rire et de tousser en même temps, mais elle n’avait pas le temps de
s’amuser.
— Je vais être en retard ! hurla-t-elle soudain.
— Allons, puisque vous avez réussi à parvenir jusqu’ici, suivez-moi. Je sais les
difficultés que certains humains affrontent au péril de leur vie pour trouver ce passage secret
et…
Sur ces mots, elle l’avait coupé sans plus de regrets.
– Vous me sous-estimez, Monsieur le chat, je suis sûre que je pourrai réussir à revenir ici
quand je veux. Vous ne savez pas la malchance que j’ai ! Je vais être en retard et mon patron
va me tuer…
— Bien… Tant pis pour vous !
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