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N° 32 Treize à la douzaine

La plupart des années comptent deux vendredis 13, d’autres trois ou un. Jamais quatre. Est-ce cette

irrégularité apparente qui a donné son lustre et sa réputation à ce jour pas si rare que cela?
Toujours est-il que le matin du vendredi 13 août 2021, Alan Ledu et Laura Laire ignoraient tout des

circonstances étranges qui allaient changer le cours de leurs vies. Cependant, l’un et l’autre

attendaient beaucoup de ce jour pour des raisons très différentes.

La journée avait mal commencé pour Laura. Le jour filtrait gris à travers les rideaux isolants
de sa chambre. Il pleuvait lorsqu’elle s’était levée. Voyant la lumière triste, elle s’était demandée

« Au fait, quel jour sommes-nous ? Vendredi 13 ?! Zut ! ».
Elle n’aimait pas les vendredis 13 qui lui réservaient toujours des surprises, et pas des meilleures.

L’année dernière par exemple, elle avait été renversée par un scooter le vendredi 13 mars. Rien de
grave, mais elle était tombée amoureuse du conducteur. Malheureusement, il avait renversé une

autre jeune femme le deuxième vendredi 13 de l’année et avait aussitôt rompu avec Laura. Elle se

demandait donc avec un peu d’inquiétude et pas mal d’impatience ce que lui réserverait le vendredi
13 août 2021, pas un scooter tout de même ! Vendredi 13 ou pas, il lui fallait aller travailler. Elle

était fleuriste et si ces maudits vendredis n’étaient pas des journées particulièrement éprouvantes

dans son métier, il lui fallait au moins faire acte de présence au magasin.

Ce même vendredi en début de soirée, Alan Ledu marchait en direction du Thabor, profitant

d’une vie devenue enfin normale. De loin, arrivant de la direction dans laquelle il allait, il vit une

jeune femme qu’il trouva ravissante et qui semblait radieuse. La scène lui donna une impression de
« déjà vu ». Mais cette fois-ci, il avait plus envie de faire connaissance de la fille que de n’importe

quoi d’autre. Il commençait à imaginer le meilleur stratagème quand elle s’apprêta à traverser. Elle

était à peine à deux mètres de lui. Alan revit en une fraction de seconde sa vie défiler.
Depuis longtemps, les vendredi 13 étaient des jours singuliers pour lui. Des jours où il devait

tuer, ou pas, selon le calendrier très spécial qu’il avait établi l’année de ses onze ans. Le jour de son
anniversaire, Alan avait décidé d’opter pour le crime parfait. Le crime sans mobile. Le crime gratuit.

Et surtout le crime impuni, qui le vengerait des trop nombreuses injustices qu’il avait subies. En
étudiant ses premiers essais, car il n’était pas un novice, il s’était aperçu qu’il avait toujours choisi

de tuer un vendredi 13. Par ailleurs, il avait respecté un rythme étrange et difficile à décrypter qui

pourrait le mettre à l’abri d’éventuelles recherches policières. Il décida de continuer à tuer tous les
quatre vendredis 13, et deux fois de suite les années comportant trois vendredis 13. Il résolut

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