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« Si t’as voulu nous baiser, tu peux dire adieu à ce monde.
               — Mais calmez-vous, je veux juste retrouver mon… »
               Avant qu’elle ne puisse terminer sa phrase, l’homme colla son imposante main sur sa bouche. Au
            loin le bruit d’une sirène de police  résonnait, et lorsque son compère fut  revenu, la  panique
            s’empara du binôme.
               « Putain, les flics arrivent !
               — T’as trouvé son portable ?
               — Non, cette garce a dû le jeter en descendant.
               — Bon, il faut se tirer.
               — Mais qu’est-ce qu’on fait d’elle ? »
               C’était maintenant les sirènes de deux voitures, peut-être même trois, qui hurlaient dans la nuit.
            Cette nouvelle n’était pas franchement réjouissante pour Albane, dans la mesure où elle ignorait
            tout des activités de ces hommes. Si des policiers étaient à leurs trousses, seraient-ils en mesure de
            l’identifier comme un otage en cas d’affrontement ?
               « Laissez-moi là, je ne dirai rien, je vous le promets !
               — On la prend, ordonna celui à la grosse paluche. »
               Dans son esprit, cette annonce venait de signer son arrêt de mort. Ils durent presque la porter par
            les aisselles pour l’emmener jusqu’à la voiture tant elle était paralysée par  l’effroi de vivre
            certainement ses dernières heures. À nouveau balancée sans ménagement sur le siège arrière de leur
            voiture, elle entendit les deux essayer de trouver un moyen d’échapper à la police. Le second menait
            les opérations.
               « Elle a dû leur donner le signalement de la bagnole, il faut s’en débarrasser vite.
               — Et elle, on en fait quoi ?
               — On s’en occupe en même temps. »
               Elle comprit que cette voiture qui remontait les boulevards à vive allure entre les patrouilles de
            flics était très certainement le cercueil dans lequel elle allait terminer calcinée avant que le jour ne
            soit levé. La jeune femme paniquée tenta une dernière fois de les raisonner.
               « S’il vous plaît, j’ignore vraiment pourquoi vous m’avez prise en otage, je ne faisais que
            chercher mon chien, et à part le coup que j’ai pris, je ne vous reproche rien. Laissez-moi descendre,
            je ne sais rien, je veux juste retourner dormir, par pitié ! »
               Le passager se retourna subitement avec tout le poids de l’incertitude dans le regard.
               « C’est quoi cette histoire de clebs ?
               — Il s’est enfui, et quand vous m’êtes tombés dessus j’étais en train de lui courir après. »
               Les deux se regardèrent dubitatifs. Au volant, le cogneur sembla perdu.
               « Conneries !
               — Non ! Je ne sais pas pour qui vous me prenez, mais vous faites erreur. »
               Nouvel échange de regards à l’avant. Un silence de plomb les enveloppa, puis un coup d’une
            rare violence s’abattit sur l’épaule du chauffeur.
               « Tu t’es gouré, espèce d’abruti !
               — Quoi ? Non !
               — T’es bien certain que c’est elle ?
               — Oui, elle courait…
               — Après son clébard, ducon ! C’est l’autre qui a appelé les flics ! T’as tout fait foirer.
               — Comment je pouvais savoir ? Je poursuis une gourde qui fuit, et comme par hasard je tombe
            sur celle-là en plein sprint. »
               Le doute devint tout à coup palpable et leur attitude changea du tout au tout. La tension d’Albane
            était arrivée à un point suprême, et sans qu’elle ne puisse en contrôler les effets, un fou-rire la prit
            aux tripes.




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