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- J’ai confiance en vous, ma chère Isabelle !

                      Ce qui la fit rougir. Machinalement, elle passa ses mains sur ses cheveux comme pour

                      se donner un fond de contenance… Et acquiesça avec toujours ce sourire de

                      circonstance. Le milliardaire se frotta les mains et finalement la salua bonnement. Et
                      d’un pas alerte, il quitta les lieux.

                      Ces liasses brillantes, neuves, lui brûlaient les mains. Richard, un homme qui avait fait
                      fortune dans les immobiliers et aussi quelques louches affaires illicites. Dans cette

                      petite agglomération, les gens se relayaient des ragoûts parfois indigestes. Enfin, se
                      dit-elle, lui au moins, il a réussi. Le voilà, maintenant, fortuné, riche et jeune.

                      Des idées, un peu enivrantes, lui vinrent à la tête à la vue de cette grande somme. Ses

                      mains tremblaient et son cœur galopait dans sa poitrine. Une seule liasse ferait sa joie.
                      Cette sensation d’ivresse diabolique lui fit tourner la tête. Soudain, avec une

                      précaution attentionnée, elle se décida finalement de passer à l’action. Et dans un geste
                      fugitif, elle ouvrit son sac noir et fit glisser subrepticement deux bonnes liasses de 100

                      E. Un moment après, le calme la reprit, et elle se moralisa à trouver de bonnes excuses
                      à son forfait : « Il est plein aux as… et le culot, il ne s’est même pas donné la peine de

                      compter son magot »

                      Puis, fiévreusement, elle se remit à compter cette manne d’argent ; quand soudain, des
                      hommes cagoulés firent irruption dans cette petite banque rurale. Quatre hommes tout

                      en noir, arme en mains, braquèrent la banque. Stupéfaite, Isabelle n’eut même pas le

                      temps de mettre ces liasses d’argent dans le coffre central. Le braquage fut exécuté
                      habilement, sans aucun tir.   Les bandits se servirent royalement de tout ce qui avait

                      odeur d’argent.
                      Seules les deux liasses d’argent dissimulées dans le fameux sac, en question,

                      échappèrent à ce haut vol. Isabelle fut momentanément ravie de cette conjoncture.
                      Cependant, elle déchanta, parce qu’en sortant, les voleurs la ravirent comme otage. Et

                      elle fut libérée, qu’une fois arrivée à la sortie du village. Quelque temps plus tard, les

                      cheveux défaits, elle revint en courant vers la banque. « Mon sac, mes liasses
                      d’argent ! »  Tout la flambait et l’enivrait à la fois…

                      La banque se trouvait envahie par les policiers et nombre de curieux se bousculaient
                      devant la devanture. Elle se fraya un passage, et entra tout essoufflée par cette course

                      forcée. Les cheveux en désordre et le visage d’une extrême pâleur témoignaient de sa
                      frayeur.



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