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aussi de réaliser une série de  douze assassinats, y compris les trois tentatives précédentes.


                   Alan Ledu avait démarré à six ans, après une période d’incubation de quelques années.
            Ses parents s’étaient définitivement séparés suite à des mois de tension et de désamour lorsqu’il

            avait trois ans. Le petit Alan était choyé par son père, professeur de SVT, les week-ends et durant la
            plupart des vacances scolaires. Il était tout autant aimé de sa mère. Le seul problème était que sa

            mère s’était amourachée d’un homme qu’Alan  détestait. Puis, elle l’avait épousé sans se rendre

            compte du chagrin qu’elle infligeait à son enfant, ou sans vouloir le prendre en compte. Alan n’était
            pas malléable. Il refusa d’accepter l’imposteur qu’il haïssait de toutes ses forces. Il savait que ce

            sentiment était réciproque, bien que le mari de sa mère n’ait jamais exprimé quoi que ce soit à son

            égard, à part une politesse courtoise qui pouvait passer pour de la bienveillance.
            Alan décida de passer à l’acte le jeudi 12 avril 2001. Il récupéra la boîte d’anti-fourmis qui traînait

            dans le placard sous l’évier, la vida, la remit à sa place après l’avoir soigneusement essuyée. Le
            matin  du vendredi 13, il versa le poison dans le bol de café fumant de son beau-père,  et partit

            comme d’habitude à l’école, à quelques pas de la maison de sa mère.
            Toute la journée il attendit la bonne nouvelle. Le soir, il fut très déçu d’apprendre par sa mère que

            son beau-père, victime d’une violente gastro-entérite, ne dînerait pas avec eux.
            Il avait au moins réussi à rendre son beau-père malade, sans que personne n’en soupçonne la cause

            réelle.


                   Deux ans plus tard, il prit en grippe une de ses camarades de classe. La petite Perle était très

            appréciée des adultes et des enfants. Alan développa une jalousie maladive, enviant sa joie de vivre,
            sa gentillesse et son rire toujours prêt à fuser. Il décida de la faire mourir de peur. Pour conjurer tout

            mauvais sort, il choisit un jour supposé porter chance, le vendredi 13 juin 2003. Alan connaissait
            parfaitement les habitudes de Perle, et le chemin qu’elle prenait pour rentrer chez elle.

            Par chance, un poteau électrique sur le trottoir qu’elle empruntait pouvait faire à Alan une cachette

            idéale. Avec du plâtre et de l’argile autodurcissante sans cuisson, il se  confectionna un masque
            informe et, il faut l’admettre, assez horrible. Avec la petite robe noire de sa mère, il se fit une toge

            qui flottait autour de lui. Quand Perle allait dépasser le poteau électrique, il sortit de sa cachette en

            ouvrant les bras et en grognant, barrant la route à la fillette épouvantée qui perdit immédiatement
            connaissance.

            Fier d’avoir réussi, Alan courut jusqu’à l’école comme pour chercher du secours, et bouleversé de
            bonheur , vit sa victime partir inanimée sur un brancard.

            Mais Perle ne mourut  pas. Comme son malaise était incompréhensible, elle dut subir pendant
            plusieurs années toute une batterie de tests et d’examens médicaux. Alan fut félicité pour avoir aussi



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