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Je ne parvenais pas à m’imaginer que Jonathan et Grace puissent avoir une liaison. C’était
impensable. Une certitude cependant: Grace avait pris dans ma vie une place exagérée ! A tel
point que je ne savais pas lequel des deux me manquait le plus. Lui bien sûr faisait battre mon
cœur, mais elle savait comme personne me remonter le moral, me changer les idées quand je
me sentais trop seule.
Surtout en cette période de claustration constante :
« J’ai un nouveau jeu, ça te dit de l’essayer ? (Texto évidemment de Grace)
— Non, jouer seule ne me dit rien
— Avec l’appli on peut jouer à plusieurs !
— Non.
— Si on géolocalisait les autres ?... Ça peut être fun de voir où ils traînent, ce qu’ils
font ?... Ton Jonathan par exemple ?
— Arrête, c’est la vie privée de chacun !
— Juste pour voir !... Ah, il n’est pas tout seul !...
— Fais voir !
— Poisson d’avril, ma belle ! »
Elle avait cet humour anglo-saxon, un peu absurde mais très fin, qui prêche le faux pour
dégoter le vrai. Ce qu’on a pu en passer des journées à faire du fitness virtuel, des magasins
en ligne, à faire pédaler les livreurs de pizza, à réserver pour douze dans des restaurants
exsangues. Grace avait tout le charme de son nom et veillait sur moi comme la bonne fée
qu’elle était.
Ce n’était pas si étonnant après tout que Jonathan finisse par tomber sous son charme.
D’autant que de toutes les amies, c’est de moi qu’elle avait pris le plus d’attitudes.
« Elle a le même tic que toi, m’avait fait remarquer Jonathan. Quand elle est contrariée sa
paupière droite se plisse un peu et la lèvre inférieure remonte un tantinet. »
De Georgette et Camille, elle avait surtout pris la mauvaise langue. Celle qu’on n’apprend pas
à l’école mais par les tweets. Leurs passe-temps commun, c’étaient les cadeaux surprises

