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- Joe -

                — Ah oui, je connais de nom, mais ça consiste en quoi ?

                — À juger les plus grands criminels. Par exemple, les vols à main armée ou les viols.
                — Et bien, vous devez en voir de toutes les couleurs, il y a tellement de détraqués.

                Mathilde décida de tenter le tout pour le tout.

                — Tenez, il y a quelques années, nous avons jugé un homme qui vous ressemblait
            beaucoup physiquement. Il s’appelait Joe. Je ne donnerai pas son nom, mais son prénom,

            c’était Joe. C’était un récidiviste et il était jugé pour des vols à main armée, il a été condamné
            à plusieurs années de prison. Il doit être sorti aujourd’hui.

                — Il me ressemble peut-être, ce Joe, mais moi je suis bien plus tranquille que ça. Ça
            doit être flippant d’écouter tous ces drames. Et il faut avoir du cran quand on prononce la

            sentence. C’est un métier pour une femme ?

                — De nos jours, les professions sont identiques pour les hommes et pour les femmes.
                Mathilde était troublée. Pa de réaction à sa provocation, il semblait parfaitement calme.



                Une voix nasillarde se fit entendre : « Mesdames et Messieurs, nous arrivons à Nice,
            Nice terminus de notre train. La SNCF vous remercie de votre confiance ».

                Mathilde  était  sur  ses  gardes.  Le  wagon,  cet  espace  clos,  la  protégeait.  Mais
            maintenant ? Il fallait qu’elle retrouve sa voiture au parking de toute urgence.

                Elle prit congé rapidement et essaya de s’éloigner avant qu’il ne puisse la suivre. Elle
            avançait à grands pas, se retournant souvent pour s’assurer qu’il ne la suivait pas. Elle ne

            vit pas Julien qui l’attendait au bout du quai. En plein stress, la surprise fut totale.

                — Julien, qu’est-ce que tu fais là ?
                — J’avais trop envie de te voir encore une fois aujourd’hui, j’ai pris la route et fais la

            course avec le train. Heureusement, c’est un tortillard, je suis arrivé avant lui.
                — Tiens, Pierre, vous êtes aussi dans le train ?

                — Rebonjour Julien, il n’y a pas beaucoup de choix de train, vous savez. J’ai fait le
            voyage avec madame. Vous la connaissez ?

                — C’est rigolo de se revoir ici, j’allais justement vous appeler. J’ai déjà reçu la réponse

            de l’administration sur votre casier judiciaire. Il est vierge, le seul élément qui nous manquait.
            Et le directeur de la station est d’accord pour vous embaucher. Si ça vous dit toujours.


                La tension retombait, Mathilde fondit en larmes dans les bras de Julien.

                Personne ne comprenait.


                Elle, elle savait.


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