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N ° 12                      Love jacking


                  Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec celles qu’elle avait
               considérées comme ses amies. Un malaise persistait en elle. Ses pensées furent interrompues

               par l’arrivée du train. La porte s’ouvrit, elle mit un pied sur la première marche, leva la tête et
               s’arrêta brusquement. Grace était là, posée sur le marchepied comme un cadeau du ciel.


                  C’était la première du nom que nous rencontrions. A part Grace Kelly, je n’en connaissais

               pas d’autres. C’est ce côté unique qui nous plut instantanément. Avec l’envie malgré notre
               mésentente de la ramener aussitôt chez nous. Grace exultait !... Nos professeurs, un peu moins.

               Et nous dûmes user de moult artifices pour les convaincre. Promettant notamment que chaque
               famille prendrait en charge un part des frais inhérents à son installation.


                — Ce sera l’occasion pour elle d’apprendre le français ! clama l’une.


                — Jusqu’à la fin des vacances, c’est promis, surenchérit l’autre.

                Pour dissiper tout malentendu, Grace nous avait connectés avec ses parents. Eux-mêmes

               avaient beaucoup voyagé étant jeunes et comprenaient très bien ce besoin naturel de faire des
               rencontres et de découvrir d’autres cultures :


                « D’accord. A condition qu’elle aille dormir tôt et qu’elle nous donne des nouvelles


               quotidiennement ! »

                A 16 ans nous aurions juré n’importe quoi ! Le fait que des adultes derrière s’engagent pour

               les formalités plus pratiques acheva de rassurer la famille.

                C’est ainsi que nous débarquâmes à Ostende, avec une passagère de plus. Nous étions toutes


               pressées de présenter Grace à nos familles. A qui la logerait pour la première nuit ? Qui

               l’emmènerait faire le tour des magasins ? Qui la présenterait aux copines restées en rade ?


                Le plein d’euphorie et d’excitation pour un si petit village !


                  Si bien qu’au moment venu de la rentrée scolaire, personne n’avait envie de voir Grace
               s’en aller. A commencer par elle, qui s’était habituée à nous et avait fait d’énormes progrès

               dans la langue de Voltaire. Mais aussi nos enseignants. Étant donné nos bonds accomplis en
               anglais et en culture générale. C’est donc sans difficultés qu’ils se chargèrent de contacter les
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