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tu n’as pas quitté ton téléphone et que tu ne l’as prêté à personne ?

— Non. Je ne peux pas m’en séparer une minute !

— Alors c’est que quelqu’un a piraté ton smartphone ! »

Ça tombait sous le sens. Peut-être même ce Maxime était-il un hacker qui avait infiltré mes
contacts et qui voulait me faire chanter !

« Et si c’était Jonathan ?... »

Je m’insurgeai évidemment contre l’idée saugrenue de Grace. Je savais que les deux ne

faisaient pas bon ménage et je mis cette pique sur le compte de leur jalousie réciproque.

J’étais bien loin d’imaginer la suite.

Je me mis en quête de renseignements qui me permettraient d’identifier mon hacker. Je me

rendis même au bureau de police, lequel se déclara impuissant en l’absence de crime ou de
délit. Le retrait sans contact de 30 € n’était pas suffisant pour générer une plainte et une

enquête. Ça resterait un mystère de plus ! Et malheureusement je ne connaissais dans mon
village aucun geek susceptible de dépister l’intrus. Je pris donc mon mal en patience, en ayant

pris soin de changer tous mes comptes et tous mes codes, en avertissant famille et amis du
complot qui se tramait à mon insu.

J’eus presque le sentiment d’avoir réussi. La pandémie suivait son cours. Les derniers

recoins ouverts ou accessibles avaient fini par rendre l’âme. J’étais seule dans mon antre mais
pénarde… Jusqu’au jour où Grace ne répondit plus à mes appels. Je contactai les autres, qui

me confirmèrent sa disparition. La dernière fois que Georgette l’avait vue, c’était pour un soin
de beauté chez l’esthéticienne. Fermée depuis plus d’un mois. Camille cherchait un régime à

suivre et Grace lui en avait conseillé un « so british ». Quant à Bernard, un des seuls garçons à

la fréquenter, il l’avait aperçue en compagnie de Jonathan !...

Je m’empressai de contacter ce dernier mais il ne répondait pas non plus !... Sa famille ne

l’avait plus vu depuis la veille au matin. Mais il arrivait parfois qu’il découche sans prévenir.
Chez un copain. Et qu’il ne donne plus signe de vie pendant un jour ou deux!

Je pris sur moi de retourner au bureau de police pour signaler la disparition de mes deux amis.
Ils me conseillèrent d’attendre 24 h avant d’avertir la famille en Angleterre. Il n’était pas rare

que des adolescents fassent une fugue. A fortiori s’ils étaient ensemble !...