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Sa naissance. Elle était née en avance, cela avait effrayé ses parents et les médecins, mais
heureusement tout s’était bien passé.
Son entrée en maternelle. Elle ne voulait pas quitter ses parents, elle avait peur. Finalement
c’était une bonne journée, elle y avait rencontré ses meilleures amies... enfin ses anciennes
meilleures amies.
Elle continua d’observer les images, c’était étrange de voir sa vie à travers un écran. Elle
avait envie de changer certains passages, d’en revivre d’autres, d’en oublier. Elle passait du
rire aux larmes selon les extraits.
Et puis arrivèrent les images des dernières heures. Elle revit la dispute avec ses amies, en y
repensant c’était si futile comme sujet de dispute.
Comment leur si longue amitié avait pu s’éteindre si facilement ? Peut-être était-elle vouée à
l’échec dès le départ ?
Elle ferma les yeux, c’en était trop. Elle voulait juste quitter ce train de l’enfer et rentrer chez
elle, malgré sa sensation qu’elle n’en aurait plus la possibilité.
Un nouveau bruit lui fit ouvrir les yeux. Elle avait entendu des pleurs, et ce qu’elle vit lui
glaça le sang.
C’était ses parents. Ils se tenaient dans les bras l’un de l’autre et pleuraient. Des photos d’elle
étaient étalées sur la table basse devant eux.
La télévision était allumée au fond de la pièce, mais quelque chose clochait. La date affichée
sur la chaîne était fausse. Elle était fausse parce que cette date se trouvait la semaine suivante.
Elle n’avait pas passé une semaine dans ce train, c’était impossible. Elle n’avait peut-être plus
de notion du temps, mais elle ne pouvait simplement pas être encore en vie une semaine sans
dormir, boire ni manger.
Elle fut distraite de ces troublantes pensées en voyant ses parents bouger leurs lèvres. Elle
n’entendait pas ce qu’ils disaient, le son de leurs paroles semblait coupé.
Par réflexe, elle voulut tendre la main pour essuyer leurs larmes. C’est là qu’elle aperçut sur
son poignet une espèce de tatouage qu’elle n’avait pas remarqué avant.
Elle ne comprenait pas d’où il venait, elle n’avait pourtant jamais fait de tatouage. Il était
banal, un simple chiffre : 7. A quoi cela pouvait-il bien se rapporter ?
Elle vivait tellement de choses étranges depuis son entrée forcée dans le train qu’elle ne s’en
étonnait plus. Elle semblait comme en transe, attendant le prochain évènement qui viendrait
rythmer ce trajet.
C’est dans cet état d’esprit qu’elle se rendit compte du nouveau changement des vitres et des
sons. En effet les vitres montraient de nouveau une obscurité sans fin, et les bruits parasites
angoissants avaient fait leur retour.
Les lumières du train se remirent à clignoter ardemment. Elle comprit ce que cela signifiait :
la silhouette allait réapparaître.
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