Page 96 - tmp
P. 96
Elle attendit donc tranquillement sa réapparition. Celle-ci se forma sous ses yeux, et elle put
donc y prêter plus attention. Elle était entièrement composée d’ombres, un peu comme des
âmes, toujours en mouvement.
Elles se fixèrent longuement, chacune défiant l’autre de faire quoi que ce soit. Elle avait vécu
beaucoup de choses dans ce train, sa peur avait disparue.
Et puis, comme d’un commun accord, elles se mirent à courir l’une vers l’autre. Elle hurlait,
l’autre était silencieuse.
Quand elle arriva en face de la silhouette d’ombre, elle sut instinctivement ce qu’elle devait
dire, comme si elle avait déjà vécu cette situation. Alors elle hurla de toutes ses forces :
“JE NE SUIS PAS ENCORE PRÊTE !”
Et puis le néant. Elle flottait dans l’obscurité. Elle s’attendait à être effrayée, à suffoquer, ou
quelque chose de semblable. En réalité, elle était apaisée. Elle ferma les yeux et s’endormit...
Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec celles qu’elle avait
considérées comme ses amies. Un malaise persistait en elle.
Elle avait bien fait de les laisser, elle le savait. Mais elle avait peur des conséquences. C’était
ses plus vieilles amies, elle les connaissait par cœur et s’attendait donc à subir leur
vengeance.
Elle écoutait vaguement ce que disait une télévision près du quai. Une histoire de jeune
femme poussée sous un train par ses meilleures amies. Le monde était bien cruel parfois.
Elle se sentait étrangement invisible sur ce quai de gare. Elle n’avait qu’une envie, c’était de
rentrer chez elle.
Ses pensées furent interrompues par l’arrivée du train.
La porte s’ouvrit, elle mit un pied sur la première marche, leva la tête et s’arrêta
brusquement.
Son poignet la piquait sans qu’elle ne sache pourquoi. 8.
FIN
4

