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N° 46                               Sur l’autre rive

               Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec celles
               qu’elle avait considérées comme ses amies. Un malaise persistait en elle. Ses
               pensées furent interrompues par l’arrivée du train. La porte s’ouvrit. Elle mit un
               pied sur la première marche et s’arrêta brusquement. Le ciel était gris, presque
               noir,  couvert  de nuages.    Elle  aurait  juré  que  le  soleil  brillait  quelques  instants
               plus tôt.

               « Eh bien, mon voyage commence plutôt mal. » se dit la jeune fille.

               Morose, elle se hissa à bord du train, essayant de ne plus y penser. Petit à petit,
               elle  s’endormit,  bercée  par  le  léger  cliquetis  de  la  pluie  sur  la  vitre.
               Malheureusement, elle ne jouirait pas d’un sommeil paisible.

               Elle se réveilla soudainement quelques heures plus tard, alertée par une main
               sur son épaule.

               « Mademoiselle,      il  faut  descendre !    C’est  le  terminus ! »   lui  annonça     le
               conducteur. Elle étira ses bras endoloris et se leva tant bien que mal. Elle saisit
               son maigre bagage, puis descendit sur le quai. Elle était maintenant à Paris. La
               ville lui semblait si grande et moderne, mais surtout si loin de Londres.

               Elle avançait dans la gare, quand elle vit un homme brandissant un écriteau
               à son nom.

               « Mlle Monroe ? » appela-t-il.
                « C’est moi. J’imagine que ma tante vous envoie ? »

                « En effet. Je suis Edgar, son cocher. Si vous voulez bien me suivre, j’ai l’ordre
               de vous conduire à sa résidence. »

               Elle  monta   donc    dans   la  calèche.   Ils  se  mirent  de  nouveau   en  route.    Ils
               s’arrêtèrent  devant  un  grand  hôtel  particulier  légèrement  délabré,  un  peu
               isolé, non loin du Marais.

               « Nous sommes arrivés Mademoiselle. » lui fit savoir Edgar. Il lui ouvrit la portière
               et prit soigneusement sa valise.

               Ils entrèrent et Edgar fit signe à un jeune homme d’environ vingt ans (le même
               âge  qu’elle)  aux  cheveux  noirs  en  bataille  et  aux  yeux  d’un  bleu  perçant.
               « Mademoiselle Monroe, je vous présente  Thomas Lenoir, c’est lui qui sera là
               pour   tout  vous  expliquer.  Thomas,    voici  Apolline  Monroe,   la  nièce  de  Mme
               Laforêt. »

               « Enchanté de faire votre connaissance, Mlle Monroe. »
               « Oh je vous en prie, appelez-moi Apolline. »

                « Dans  ce  cas,  Apolline,  veuillez  me  suivre  jusqu’à votre  chambre.  Je  vous
               expliquerais tout une fois installée. »

               Elle hocha la tête et le suivit dans les escaliers. Thomas la mena vers une porte
               verte   élégamment      gravée   à  son  nom    au  deuxième     étage.   À  peine   eut-il
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