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— Certes, avait répondu Céline. Mais parfois difficile, voire dangereux.
— Vous évoquez l’affaire qui concerne le Ministre de la défense ? avait demandé
Magali.
— Je ne peux pas confirmer, avait répondu Céline, ce qui n’était pas un démenti
formel.
Magali n’avait pas insisté, souriant d’un air énigmatique et Céline avait compris
qu’elle avait parfaitement deviné de quoi il s’agissait. La mise en examen du ministre n’était
plus qu’une question de jours. Même si le président de la République affirmait faire une
confiance absolue à son ministre, tous savaient désormais que la démission de ce dernier
n’était plus qu’une question de jours. Dans les rédactions, les commentaires allaient bon train
et la recherche d’informations fiables et vérifiées était devenue un challenge. Chacun espérant
sortir l’information le premier.
C’est au lendemain de la soirée au ministère que Céline avait rencontré Mathieu. Il
l’avait involontairement bousculée dans un rayon de l’épicerie où elle faisait ses courses, lui
faisant lâcher son cabas dont le contenu s’était répandu sur le sol. Il avait insisté pour lui offrir
un café afin de se faire pardonner et ensuite ne l’avait presque plus quittée. 5
Céline avait été parfaitement heureuse les premiers temps. Si Mathieu refusait
obstinément de parler travail à la maison, Céline, elle, avait besoin d’en discuter. Entendre un
point de vue extérieur lui paraissait particulièrement important pour tenter ensuite, d’être la
plus objective possible dans son travail. Surtout lorsqu’on menait une enquête sur un ministre
de la défense en exercice, accusé de malversations financières, soupçonné d’avoir favorisé la
vente d’avions de combat à un pays officiellement hostile et désigné comme responsable
d’attentats sur le sol français.
Mathieu se montrait très intéressé par les avancées obtenues par Céline. Il
l’interrogeait, discutait, opposait, vérifiait ses informations. Avec un tel contradicteur, se
disait Céline, qui lui avait expliqué comment elle procédait, indiqué ses sources et montré la
somme de renseignements qu’elle possédait bien cachés dans les fichiers de son ordinateur, le
papier qu’elle allait sortir serait inattaquable. Heureuse de se sentir comprise, elle lui parlait
de tout. Il était agent du renseignement, elle se sentait en confiance. Lui aussi maitrisait les
secrets. Il ne la trahirait pas.
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