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N° 44                 CONFIANCE MAL PLACEE






                      « Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec celles

               qu’elle avait considérées comme ses amies. Un malaise persistait en elle.

                      Ses pensées furent interrompues par l’arrivée du train.


                      La porte s’ouvrit, elle mit un pied sur la première marche, leva la tête et s’arrêta

               brusquement. »

                      Le demi-tour s’imposa de lui-même. Céline se mit à courir en sens inverse le long du

               quai. Dans sa tête, les mots se heurtaient, ténus, têtus, venant bousculer des certitudes jusque-
               là bien ancrées en elle. Ce n’était pas possible. Non ! Pas ça ! Ça voudrait dire que…


                      Elle tenta de se souvenir de ce que Magali, qui l’avait raccompagnée en voiture, lui
               avait dit, avec un sourire de compassion, juste avant qu’elle ne descende du véhicule. Ce

               sourire-là d’ailleurs, ça n’en était pas vraiment un. Ça ressemblait davantage à une moue de

               pitié, un total manque de considération, voire un certain mépris pour la pauvre fille qu’elle
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               était. Céline venait tout juste de comprendre qu’on s’était joué d’elle, et de bien belle façon.

               Ça

                      Comment avait-elle pu être aussi naïve ? Et aussi stupide surtout. Si l’hypothèse se

               confirmait, elle allait tout perdre : son homme, son boulot, ses relations, sa réputation. Tout

               cela n’allait pas résister longtemps au tourbillon qui s’avançait vers elle en grondant aussi fort
               qu’une tempête d’hiver qui s’annonçait au large. Elle en connaissait d’autres à qui c’était

               arrivé. Beaucoup avaient sombré dans la dépression ou s’étaient acharnés à chercher une
               revanche, impossible à trouver.


                      Maintenant que la vérité se faisait jour, Céline se trouvait parfaitement idiote. Le sens

               des mots prononcés par Magali lui paraissait désormais évident. Comment avait-elle pu être
               assez gourde pour ne pas s’en apercevoir ? Elle n’y avait que peu prêté attention tout à l’heure,

               occupée à récupérer sa valise dans le coffre de la voiture et à vérifier sur les panneaux
               d’affichage que son train était bien à l’heure.


                      — Tu es véritablement certaine d’avoir bien placé ta confiance en acceptant Mathieu
               dans ta vie ?






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