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Céline était prête à tout accepter. Etonnée et ravie qu’un homme comme lui s’intéresse
               à ce qu’elle était, heureuse de l’avoir rien que pour elle, même partiellement, elle avait

               accepté ce ménage à trois et prétendu comprendre.


                      L’adhésion de Céline à cette forme de vie de couple n’avait eu qu’un temps.
               Rapidement, elle en était venue à douter de ce qu’il lui disait, écoutant les propos de ses amies

               proches.

                      — Ce métier d’agent secret est bien commode, lui avait dit Martine, avant d’ajouter :

               « pour mener une double vie ».

                      — Vous ne vivez pas ensemble alors ? avait demandé Denise.


                      — Pas de projet sérieux avec ton amoureux ? s’était étonnée Florence.


                      Céline ne répondait pas et gardait pour elle ses interrogations. Elle connaissait Martine,
               jalouse comme ce n’est pas permis et incapable de retenir un homme plus d’une soirée. Elle

               savait Denise solitaire, en quête perpétuelle d’une âme sœur. Florence était, quant à elle, la
               caricature de l’épouse et mère de famille parfaite, soucieuse des convenances.


                      Elle avait tout de même commencé à se questionner sérieusement au bout de quelques      3

               semaines de retards fréquents, de rendez-vous manqués.

                      — De gros soucis avec les Emirats, avait précisé Mathieu, dont je ne peux rien te dire.


                      — Comme d’habitude, avait souri Céline, tentant de faire face.

                      Quelques mois plus tard, lors d’une fête d’anniversaire gâchée où Céline avait regardé,

               pensive et solitaire, fondre la crème de son gâteau et s’éteindre les bougies, elle avait craqué,

               puis pleuré, lorsque Mathieu l’avait appelé pour s’excuser.

                      — Ne pleure pas, je t’aime, mais je ne peux pas venir, s’était justifié Mathieu au

               téléphone. Un entretien de la plus haute importance avec le ministre.

                      — Tu dis que tu m’aimes, mais je suis seule, avait fait remarqué Céline, amèrement.


                      — Mais non, avait souri Mathieu au bout du fil. Je suis là. Bon anniversaire, avait-il
               ajouté, avant de raccrocher.


                      Depuis, une semaine, il n’était plus là du tout. Son portable était aux abonnés absents

               et Céline n’avait aucun autre numéro pour le joindre. Elle ne savait pas où il habitait, où il
               travaillait et ne lui connaissait aucune famille ou relation sur laquelle elle aurait pu s’appuyer.



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