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situation de leur amie Adeline, célibataire épanouie et enjouée, qui évitait de ressasser ses

            peines de coeur et de les faire partager à son entourage.



                    Marie  de  son  côté  s’interrogeait  également  sur  les  sentiments  que  son  mari

            manifestait  à  son  égard.  Etait-il  sincère  dans  ses  transports  amoureux  ?  Son  mariage
            était-il  la  réussite  éclatante  dont  elle  se  persuadait  depuis  dix  ans  ?  Elle  se  savait

            exigeante et parfois cassante lorsqu’une décision importante devait être prise et souvent
            son mari la laissait orienter à sa guise leur vie commune. En éprouvait-il de l’amertume ?

            Au point de se rapprocher d’Adeline ?



                    Bientôt  le  train  se  rapprochait  de  Rennes;  les  trois  amies,  perdues  dans  leurs

            réflexions,  n’échangeaient  plus  un  mot.  Quand  il  stoppa  définitivement  elles  furent  les
            dernières à quitter le wagon comme si celui-ci était l’ultime rempart à leurs tourments.




                    Posant  l’une  après  l’autre  le  pied  sur  le  quai  quelle  ne  fut  pas  leur  surprise  d’y
            constater la présence d’Adeline qui semblait les attendre, arborant un énigmatique sourire

            sibyllin.



                    Sans un mot Jennifer, Roselyne et Marie se dirigèrent vers la sortie, passant devant
            leur  provocatrice  épistolière  et  l’ignorant  superbement,  comme  si  elle  avait  été

            transparente à leurs trois couples d’yeux. Adeline les suivit malgré tout, leur emboitât le

            pas, ayant bien remarqué la distance qu’elle jugeait normale que ses amies affichassent
            vis-à-vis d’elle.




                    Elle les dépassa alors que les trois soucieuses femmes semblaient errer sans but
            précis et avec un sourire amical Adeline leur désigna la terrasse d’un bar. Sans trop se

            consulter  les  quatre  femmes  s’attablèrent.  A  ce  moment-là  Adeline  prit  intensément  la
            parole et dévisageant l’une après l’autre les trois épouses comblées leur expliqua l’objet

            de sa petite farce, car il s’agissait bien d’une farce qu’elle avait voulue faire à ses amies,
            mais d’une farce qui ait son pesant de signification.




                    Toutes ces dernières années leur expliqua-t-elle, elle n’avait jamais pu rencontrer
            un homme ou un amant qui puisse lui offrir la stabilité qu’elle recherchait dans un couple

            harmonieux. Sans être précisément jalouse elle avait quand même envié le bonheur de

            ses trois amies. Mais elle avait aussi remarqué que celles-ci se comportaient parfois en
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