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Prenant son sac à main, elle se leva et sortit en faisant poliment un petit signe à Alexandre, qui
revenait à sa place.
Elle le vit, derrière la vitre du compartiment. Les yeux clos, il somnolait, bercé par le roulis
du train. Oui, c'était bien Gabriel ! Il semblait inchangé, vêtu d'un jean et polo blanc, qui faisait
ressortir son teint mat. En une seconde, elle effaça le temps et fut effrayée par la violence de son
émotion.
‒ « Je dois aller voir ma tête avant. », se dit-elle en reculant et se réfugia dans les toilettes.
Là, elle se scruta dans la glace. Ses cheveux mi-longs, châtain roux clair, ondulés, encadraient un
visage assez rond, aux yeux gris-vert. Un léger hale, lui donnait une mine radieuse. Elle n'arrivait
pas à lui en vouloir de cette félonie, après tout, c'était elle qui avait fait défaut, si elle était revenue à
temps, peut être que...
‒ « Et puis zut ! Tu n'est plus une ado, ma belle » dit elle à son reflet
Elle réajusta son tee shirt vert sur sa ample jupe bariolée, avant de sortir.
La porte de séparation était ouverte, aussi s'approcha t-elle doucement du dormeur. Elle se pencha et
murmura à son oreille :
‒ « Gabriel, c'est Marion »
Elle eut un recul de panique, en disant cela. Et s'il la rejetait...
Surpris, il ouvrit les yeux et son regard bleu turquoise la transperça, la laissant pantelante.
‒ « Je t'attendais, Marion, enfin tu es venue. Son sourire chaleureux la bouleversa.
‒ « Tu, tu m'attendais ? » Bafouilla t-elle.
‒ « Oui ! assieds-toi à coté de moi, je vais t'expliquer. »
Elle s’exécuta docilement.
‒ « Je suis venu voir Antoine et je savais par Agathe que tu serai là aussi !
Elle m'a raconté votre conversation d'hier après-midi. Anaïs vous avait volontairement
laissés seuls pour que Agathe puisse s'expliquer avec toi. Ça a été très courageux de sa part !
Je savais l'heure de départ de ton train et l'emplacement de ta réservation. Le reste à été
facile : j'ai un ami, beau-frère du contrôleur... Le plus dur a été, pour moi, de faire semblant
de ne pas te voir à ta montée. »
‒ « Et si je n'étais pas venue ? » dit elle d'un air bravache
‒ « Je t'aurais cherchée. Tes amies ont tout arrangé, Anaïs m'a envoyée un message pour me
prévenir de votre arrivée à la gare. »
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