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Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec celles qu'elle avait

            considérées comme ses amies. Un malaise persistait en elle. Ses pensées furent interrompues par
            l'arrivée du train. La porte s'ouvrit, elle mit le pied sur la première marche, leva la tête et s'arrêta

            brusquement.

                   Elle l’aperçut par la porte ouverte, dans le compartiment à droite du wagon. Assis, la tête
            penchée sur son portable, il pianotait, indifférent à son entourage. Figée par l'émotion, elle le

            regarda sans y croire. Ce n'était pas possible ! Ce ne pouvait être lui ! Elle devait le confondre avec
            quelqu'un de semblable !

                   Elle inspira, à fond, une grande bouffée d'air, puis souffla profondément, pour retrouver son
            calme. Son cœur s'était mis à battre vite et fort. Des questions sans réponses se bousculaient dans sa

            tête, la paralysant. Pourquoi lui ? Pourquoi et comment dans cet endroit précis ?

            Derrière elle, une voyageuse s'impatienta :
                ‒ « S'il vous plaît, Madame, pouvez-vous avancer, le train va partir ? »

            Elle se retourna, confuse, et balbutia :

                ‒ «  Je suis désolée, excusez-moi »

                   Prenant sa valise à la main, elle s'engouffra dans le compartiment de gauche, où sa place
            était réservée. Après avoir déposé son bagage, dans le filet prévu à cet usage, elle se laissa

            lourdement tomber dans le fauteuil. Sur le quai, des retardataires se hâtaient pour monter dans les
            wagons.

                ‒ « Le train en direction de Paris-Montparnasse va partir. Attention à la fermeture automatique

                    des portes », annonça le haut-parleur.

            Le chef de gare de Quimper, le sifflet à la bouche, donna un bref coup pour le départ. Le train
            s'ébranla.

                   Marion, par la vitre, voyait maintenant la ville s'éloigner. En regardant distraitement le
            paysage, ses pensées se mirent à vagabonder. Elle revivait mentalement les derniers jours passés

            avec ses deux meilleures amies d'enfance. Natives toutes les trois de Douarnenez, elles avaient

            effectuées toute leur scolarité ensemble. Marion habitait à la plage des Sables Blancs, Agathe et
            Anaïs au port de Tréboul.

                   Elles avaient décidées de se retrouver chaque année, durant quelques jours, au mois d'Août.
            Cette année là, le trio avait été au complet, contrairement aux deux ans passés. Ce fut elle, tout

            d'abord, qui était partie pour Londres, comme jeune fille au pair, puis ensuite Agathe, qui s'était
            mariée et avait donné naissance à un petit Antoine. Il avait été du voyage, cet été, gardé par ses

            grand-parents, qui étaient ravis de sa présence. Elle avait ainsi pu profiter de ses amies en toute



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