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De nouveau seule, elle laissa son regard errer sur les champs et les maisons qui défilaient,
par la vitre du train. Elle repensait à cette entrevue avec Agathe :
‒ « Mon mari était Gabriel », lui avait elle confessé, contrite.
la stupeur, la colère, et le chagrin, avaient anéantie Marion, la laissant sans voix, hébétée, face à son
amie. Elle avait sentit des sanglots monter dans sa gorge et des larmes perlaient à ses yeux. Il lui
avait fallu plusieurs secondes pour retrouver l'usage de la parole.
‒ « Quoi ? Mais comment as-tu pu me faire cela ? »
Son ton avait été cinglant. Le visage fermé, elle s'était levée, prête à partir
Agathe, piteuse, n'en menait pas large. Les épaules basses, affaissées, elle pleurait.
‒ «Si tu savais, Marion, combien je le regrette, je vais t'expliquer. »
Implorante, elle avait ajouté :
‒ « Attends, s'il te plaît ! Tu étais en Angleterre et tu devais revenir pour les vacances de
Gabriel, mais tu as prolongé ton séjour là bas. Il était malheureux et triste sans toi. C'était la
première fois que vous n'étiez pas ensemble. Comprends-le, il t'attendait et tu l'as déçu ! »
‒ Et alors ? le regard de Marion avait été assassin.
Décomposée, Agathe continuait :
‒ « Un soir, à un anniversaire, nous avions un peu trop bu et je l'ai aguiché. J'étais très jalouse
de votre relation, de votre complicité, et moi aussi je l'aimais, secrètement. Notre liaison a
été très brève, mais Antoine s'est annoncé. Un accident, j'avais oublié ma pilule... »
‒ « Oublié ! Oublié ! Facile... » Dit Marion avec virulence.
‒ « Je ne voulais pas avorter, ni avoir un enfant sans père, aussi Gabriel m'a proposé un
mariage civil, avec juste la famille et quelques amis, dont Anaïs. »
‒ « Vous me dégoûtez, toutes les deux ! Comment avez-vous pu me trahir ainsi ? C'est
ignoble. » cracha Marion
‒ « Laisse-moi aller jusqu'au bout, s'il te plaît, je t'en supplie, c'est déjà assez difficile pour
moi de te faire cette confession. Notre couple partit rapidement à la dérive, Gabriel ne
m'aimait pas, c'était vraiment visible ! seul Antoine l'a retenu un peu. Il n'a pas pu t'oublier,
Marion. Ne le juge pas, tout est de ma faute, peut-être un jour, pourras-tu me pardonner ? »
Sa voix n'était plus qu'un murmure à peine audible.
‒ « Alors ça, ma belle, rien n'est moins sur ! »
Elle s'étaient séparées sur ces dernières paroles...
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