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L’ÉLUE


           avez  si  brillamment  pulvérisé  était  notre  résidence  secondaire.  Mon  collègue  et  moi

           remettions aux autorités locales la délinquante que nous convoyions lorsque la nouvelle
           est tombée. J’ai immédiatement reconnu l’adresse et me suis de suite rendu sur place.

           C’est  d’ailleurs  la  première  fois  que  j’en  reviens,  du  moins  de  ce  qu’il  en  restait,  en
           hélicoptère. »

              L’étonnement qui s’imprima subrepticement sur les traits de l’adolescente n’échappa pas au
           gendarme.

              « A  priori,  elle  ne  vous  a  jamais  dit  que  le  remplaçant  de  son  géniteur,  c’est  comme  ça

           qu’elle m’appelait : “le remplaçant”, était flic. »
              Les yeux écarquillés, elle fit non de la tête.

              « Je n’en suis pas étonné… » Il se leva et jeta un œil au quai désert. « À présent, je vais
           devoir  vous  laisser. »  Il  lui  souleva  délicatement  le  menton  et  la  fixa  avec  une  émotion

           contenue. « Je sais que c’est facile à dire mais je vous souhaite sincèrement de vous remettre
           du traumatisme que vous avez subi. »

              Alors que, ne sachant plus si elle devait sangloter ou se réjouir, elle regardait le gendarme

           s’éloigner, elle le vit soudainement revenir sur ses pas.
              « Désolé.  Un  oubli  de  ma  part. »  D’une  des  poches  de  son  pantalon,  il  extirpa  un  objet

           sombre de forme indéfinie. « Je l’ai trouvé à une bonne vingtaine de mètres des décombres.

           Et je crois qu’il vous appartient. En fait, je ne le crois pas. J’en suis sûr. »
              Elle leva vers lui un œil perplexe tout en exprimant son désaccord.

              « Non, fit-elle, tandis qu’elle s’inclinait vers son sac. Le mien est quelque part là-dedans. »
              Le  smartphone vibra juste au  moment où elle l’empoignait. Sur l’écran  était affichait : LE

           REMPLAÇANT. Lorsque, le visage décomposé, elle se tourna vers le gendarme, il tenait le
           sien en évidence.

              « Gardez le tout, je n’en aurais plus besoin... » Il lui tendit le portable racorni qu’elle ne sut

           trop comment saisir. « Et vous non plus ! lui fit-il comprendre. Ce coup-ci, faut vraiment que j’y
           aille. J’ai une mère à consoler et une assurance à contacter », rajouta-t-il dans un clin d’œil,

           avant de rapidement quitter la gare, une main levée en guise d’au-revoir.

















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