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Ce furent les éclats du jour jouant sur ses paupières closes qui la réveillèrent. Hébétée,

            elle se demanda une fraction de seconde ce qu'elle faisait là mais les événements
            malheureux de la nuit lui revinrent bientôt en mémoire... Un léger mal de crâne lui

            confirmait que cette fichue soirée sur la plage avait bien été réelle.

            Elle s'empressa de se lever, redressa le lit du petit logement, s'empara de sa valise et
            partit.

            Elle voulait rentrer à Brest par le premier train... Mais pour cela, il lui fallait se rendre à
            Quimper, et elle n'avait pas de voiture. C'est Margot qui était venue la chercher à la gare,

            à l'aller... Qu'à cela ne tienne, elle ferait du stop ! Elle n'en avait jamais fait, mais après
            tout, il y avait un début à tout, non ? Elle refusa de penser au pire, et s'installa avec

            détermination au bord de la route. Elle savait qu'elle était à la sortie d'un petit village, qu'il

            était tôt encore ; mais après tout, des gens qui se rendaient à la grande ville, à 25 km de
            là, ça devait avoir lieu tout le temps. Alors, il ne lui restait plus qu'à patienter un peu. Elle

            s'assit sur sa valise et tendit un bras déterminé, pouce déployé, en direction de la route.
            Elle ne tarda pas à voir une petite voiture rouge s'arrêter et se garer non loin d'elle.

            Elle aurait presque été heureuse d'avoir réussi si vite à franchir cette première étape si les
            événements qui se rappelaient à elle n'avaient pas été si funestes à son esprit.

            Elle s'ébroua, souleva sa valise et se dirigea vers le véhicule. Une jeune femme brune d'à

            peu près son âge, queue de cheval et lunettes de soleil sur les yeux y était au volant, et lui
            souriait déjà.

            Elle posa sa valise à l'arrière du véhicule et s'installa à l'avant, tout en bouclant sa ceinture

            de sécurité.
            Elle n'avait guère envie de parler, et espérait qu'elle n'y serait pas obligée.

            Heureusement, la jeune femme, au volant, semblait volubile et décidée à parler pour
            deux :

            - Vous êtes matinale ! Vous avez de la chance de me trouver, à cette heure-ci ! 7h, c'est
            tôt ! Vous auriez sans doute attendu un peu avant votre première voiture, si je n'étais pas

            passée par là !.. C'est ma mère qui me prête sa voiture : je vais prendre le train à Quimper

            ! Elle s'y fera déposer plus tard dans la journée par un voisin pour la récupérer, qu'elle m'a
            dit, et moi ça m'arrange, parce que je retrouve mon amoureux et nous partons trois jours à

            Brest ! Oh, ce que je suis contente, et mon William qu'a tout organisé, je suis contente...
            Elle continuait sans doute à pérorer, mais Philomène, plongée dans ses pensées, ne

            l'écoutait que d'une oreille.
            Elle acquiesçait parfois de la tête, plongée dans ses pensées, l'autre parlait sans cesse,

            qu'est ce qu'elle était bavarde ! Tant mieux, ça l'arrangeait...       4
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