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vie avait coulé comme un long fleuve tranquille. Quel événement récent avait pu
provoquer la colère assassine d’une jeune femme ? En regardant de nouveau les photos
d’époque, Sandrine Mercier eut une intuition qu’elle devait suivre, au risque de se tromper,
en faisant appel à son équipe qui perquisitionna les logements des quatre copines : la clé
du mystère se trouvait bien dans l’un d’eux.
Voyageant côte à côte dans le train, Solange et Marie se turent un bon moment avant que
l’une ne demanda à l’autre quand elle allait la dénoncer en avouant avoir menti aux
Gendarmes sur les horaires de la nuit. L’autre répliqua que l’enquête aboutirait très vite à
son arrestation et qu’elle ne dirait rien selon le pacte du Club des Cinq.
Trois jours plus tard, la Capitaine de Gendarmerie de Lannion fit face à l’assassin qui,
de guerre lasse, avoua la confrontation avec Suzon, ce matin-là vers 04h : celle-ci avait
compris qu’ elle avait tué Jeanne cinq ans plus tôt à Brest, Jeanne, tellement attirante pour
les garçons et filles qui la côtoyaient. Elle l’avait su en voyant qu’elle portait à ses poignets
les cinq bracelets multicolores, symbole de réussite pour Jeanne qui ne s’en séparait
jamais auparavant. Les photos retrouvées par Louise témoignaient de l’importance de ces
bijoux pour la jeune fille et Suzon, en revoyant les photos, établit vite le lien entre les
anciennes copines. Porter ces bracelets, même cinq ans après le drame, constituait pour
Suzon une preuve irréfutable du rôle joué par Marie. Suzon voulait appeler la Police tout
de suite, mais une brusque colère s’empara de la meurtrière de Jeanne. Elle prit un
couteau de cuisine et frappa violemment sa délatrice au coeur avant de tirer son corps
vers l’étang, de recouvrir sa tête d’un plastique pour l’asphyxier et de jeter son corps dans
l’eau. Elle savait s’y prendre, il fallait agir vite comme il y a cinq ans. Les courants
devaient le faire dériver de l’autre côté, mais le vent de la nuit avait ramené le corps près
du rivage. Il était presque 4h du matin, Marie était descendue à la cuisine pour boire de
l’eau et avait retrouvé Suzon qui n’arrivait pas à dormir après toutes ses déductions. Les
deux amies n’avaient pas prévu de se rencontrer là dans cette cuisine à cette heure
matinale. Marie reconnut aussi que Solange avait menti par amitié…
Sandrine Mercier avoua à Marie qu’elle aussi, durant l’interrogatoire au gîte, avait
remarqué ses fameux bracelets, tellement étincelants sur les photos d’époque et retrouvés
dans son appartement de Nantes avec une lettre déchirée mais explicite : « je te quitte
Marie, je ne t’aime plus et je rejoins Jeanne, Adieu ! Humiliée et jalouse, Marie avait
choisi de donner la mort à celle qu’elle aimait, plutôt que de la savoir dans les bras d’une
autre.
La Capitaine avait vu juste, la jalousie ne rimait pas avec réussite...
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