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gonflés et même répété des morceaux de musique sur sa guitare, bref, tout était prêt pour
passer un superbe moment de camaraderie. Elle avait aussi retrouvé de vieilles photos de
leurs années scolaires, des sorties pédagogiques aux photos rituelles des classes en
passant par les soirées un peu déjantées : elle les avait toutes accrochées sur un fil à
linge dehors au soleil.
Les cinq filles, « le Club des Cinq » comme elles s’appelaient entre elles, se
connaissaient en effet depuis leur première année de lycée et leur amitié avait plus ou
moins perduré, en dépit du choix des options et des différents lieux d’étude. Elles aimaient
à se retrouver tous les cinq, sans leurs partenaires désormais, une fois pour fêter la
nouvelle année et l’autre fois pour un week end en mai ou juin. Les années défilaient mais
le club existait toujours, il semblait indestructible. La Capitaine de Gendarmerie, Sandrine
Mercier les prit à part, une par une, et brossa très vite le portrait de ces copines, amies
certes, mais un peu jalouses des réussites des unes et des autres. Elle avait l’intuition que
la camaraderie de façade cachait néanmoins quelques blessures.
Marie, interrogée la première, raconta son parcours professionnel sans faute pour
arriver au métier de vétérinaire qu’elle exerçait à Nantes. Elle n’avait pas d’ennuis avec la
victime, originaire de Brest comme elle. Cette nuit ? Elle l’avait passée avec Solange
qu’elle avait quittée à 6h du matin pour regagner sa chambre. Elle n’avait rien entendu
sauf l’aboiement très bref du chien à un moment qu’elle ne pouvait préciser. Solange
corrobora les dires de Marie quant à la nuit, mais ajouta qu’elle avait entendu des bruits de
voix dans la maison quand le jour se levait et après le départ de Marie. Ses liens avec
Suzon ? La même camaraderie que les autres, le plaisir de se retrouver ainsi deux fois par
an en mettant de côté leur vie quotidienne. Solange était la seule à avoir un enfant qu’elle
élevait seule en jonglant entre son métier d’ostéopathe et son fils. Heureusement que ses
parents l’aidaient à gérer au mieux sa vie de famille ! La troisième copine, Aline, semblait
la plus éprouvée par la disparition de Suzon, elle n’arrêtait pas de pleurer et ravivait avec
tendresse des souvenirs de lycée. Elle était la seule à côtoyer régulièrement la victime car
elles exerçaient dans le même hôpital, celui de Vannes, elle, infirmière au bloc opératoire
et Suzon, cadre hospitalière. D’ailleurs, elle avaient discuté de la nouvelle organisation de
l’hôpital jusqu’à 01h du matin, heure à laquelle elles étaient parties se coucher. Quant à la
quatrième, Louise, organisatrice du week end, elle restait de marbre en racontant de
nouveau le drame de ce matin avec son chien et la découverte de la pauvre Suzon dans
l’étang. Professeur d’EPS dans un lycée de Brest, elle menait une vie tranquille avec son
compagnon, professeur comme elle. Elle s’était couchée assez tôt hier soir car elle traînait
un mauvais virus et ne s’était réveillée que vers 6h30 car son chien voulait sortir.
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