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N° 18


                                           Ar March’Du!





               Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux journées passées avec celles qu’elle avait
            considérées comme des amies. Un malaise persistait en elle.

               Ses premières pensées furent interrompues par l’arrivée du train. La porte s’ouvrit, elle mit un

            pied sur la première marche, leva la tête et s’arrêta brusquement.



               Ce train, avec ses banquettes en bois, lui rappelait quelque chose, quelque chose de très agréable.
            Mais quoi ?

               Elle eut bien du mal à monter les quelques marches à partir du quai, puis à parcourir le couloir

            central. Elle s’assit, là, à la fois heureuse et inquiète. Dans le lointain elle perçut un coup de sifflet,
            le train allait partir ! Elle visualisa la petite bille qui roulait dans le corps du sifflet, son esprit se mit

            à ne penser qu’à cela, à la petite bille qui tournait, qui tournait. Le convoi s’ébranla doucement avec
            un souffle plaintif de la locomotive à charbon. Un train comme autrefois.


               Autrefois, quand  elle était jeune, elle prenait  ce train  chaque  matin, pour aller  à l’école
            élémentaire et chaque soir pour rentrer au village.

               Le paysage défilait lentement, le convoi n’avait pas encore quitté la gare. Elle savait que le quai

            allait s’allonger jusqu’au petit heurtoir qu’elle s’attendait à retrouver ainsi que la prise d’eau où la
            loco faisait le plein à l’aller ou au retour.

               Les roues tournaient, elle avançait. Elle s’était toujours installée dans le sens de la marche,

            c’était plus confortable.

               Au loin, elle voit vraiment de moins en moins bien, un uniforme bleu, une casquette sur la tête,
            le contrôleur peut être. L’homme s’approche, lui sourit, lui dit un mot gentil qu’elle ne comprend

            pas. Alors elle répond « merci ». Une silhouette féminine le suit. Mais elle ne la voit pas.

               Elle s’habitue à cet environnement qui lui parait familier. Elle se retourne, à la recherche de ses
            amies, de ses copines, qui vont à l’école, comme elle. Elle ne reconnaît personne. Sauf moi. Je suis

            assis sur la même banquette. Elle lève les yeux, me dévisage, pour me dire « bonjour mon petit ! ».

               Elle a engagé la conversation sur ce mot « mon petit ».







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