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L’artiste semblait décontenancé et elle décida de l’achever :
- De toute façon, si vous n’ajoutez pas mon visage souriant au milieu des

autres, je ne reviens pas !
Marcello se mit à faire les cent pas en marmonnant. Il aurait pu crier au chantage, ou

bien la renvoyer à ses études d’art inexistantes, mais le discours était loin de s’avérer

sot. Car après tout, il avait certes peint ce qu’il avait vu, mais il avait aussi provoqué
cette vision par son attitude. Et il devait reconnaitre que passée la stupéfaction, elle

s’était intéressée à lui et son œuvre. Et puis elle paraissait sincère.
Après une réflexion qui parut à Sonia plus longue qu’intense, il planta son regard

dans le sien :
- Le portrait, c’est tout de suite. Pour le reste, demain matin, huit heures.

Peu après l’ouverture de l’exposition, Marcello envoya une invitation à Sonia.
Lorsqu’elle parvint sur place, elle constata avec satisfaction que son installation

concentrait une bonne part du public. Elle vit arriver l’artiste tout sourire, qui après

une accolade chaleureuse, lui mit dans les mains quelques articles de presse
dithyrambiques à propos de son œuvre.

Marcello lui fit visiter le reste de l’exposition, expliquant chaque création, chaque
mouvement artistique dans laquelle elle s’inscrivait. A la fin de la journée, Sonia

aurait été incapable d’en restituer ne serait-ce qu’un quart, mais elle avait le
sentiment d’avoir vécu un moment rare. Elle se dit qu’elle aurait beaucoup de choses

à raconter à Berthe, et qu’il faudrait que ces deux là se rencontrent. Ce serait quand

même bête de s’en tenir aux racontars de la femme de ménage.

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