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N° 101 Dans un rai de lumière…
Elle avait eu maintes fois l’occasion d’être appelée pour des soins urgents au 32
avenue du manoir, 5 ème étage, porte gauche.
Mais ce matin là, fatiguée par une nuit d’insomnie, elle s’arrêta au 4 ème étage
et frappa porte gauche.
A peine s’était-elle aperçue de son erreur, qu’une voix résonna dans la pièce
du fond : « Enfin ! Je vous attendais ».
Le son légèrement métallique de la voix la surprit. D’un geste mécanique,
Anne Sophie tourna la poignée et pénétra dans l’appartement.
- « Je suis désolée… »
- « Je ne vous attendais plus » coupa la voix, « …Approchez enfin ! ».
La porte d’entrée donnait sur un couloir long de quelques pas seulement.
Punaisé au mur, sur la droite, un calendrier d’il y a quelques années.
- « Evidement, toujours des chats » se dit-elle.
Un peu plus loin, sur la gauche, des polaroïds dans un cadre sous verre : une
femme, déjà âgée, appuyée contre une 4L ; un mariage : vous savez, un de ceux
dont les sourires sont de mise…une peu coincés… un peu guindés… ; des têtes plus
ou moins blondes…
Au bout du couloir, la cuisine, juste éclairée par les lampadaires de la rue à
travers les persiennes, se prolonge sur une salle à manger sans charme. Le formica
est d’époque.
- « Vous venez ? »reprit la voix venant de la chambre obscure donnant, elle
aussi, sur la salle à manger.
En écartant les tentures brunes qui masquaient l’entrée de la pièce, Hanso -
comme ses collègues l’appelaient entre eux – s’excusa une nouvelle fois.
- « Je disais que j’étais désolée de vous avoir dérangé de si bonne heure, mais
je me suis trompée d’étage, voilà tout »
- « Et donc ?... »
- « Je vais vous laisser… Mais si je peux faire quelque chose… »
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