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Les pleurs de Talia  ont redoublé  tant la réalité de ces  mots était crue, violente mais
               indéniablement véridique. La vieille dame avait continué de lui caresser le dos, le temps que

               la jeune infirmière se calme et reprenne ses esprits.




               Laissez les gens partir quand on les aime ? Talia n’y croyait pas vraiment. Certes, elle avait

               finalement bien fait de ne pas retenir son ancien compagnon, c’était un imbécile fini. Mais
               pouvait-on vraiment se résoudre à laisser tout le monde partir ? Et si elle se retrouvait seule ?


               Talia leva les yeux vers la façade de l’appartement. Il lui semblait distinguer l’appartement de
               Georges au niveau du quatrième étage. Qu’allait-elle faire ? Elle n’en avait aucune idée. Elle

               allait sûrement prendre une bonne nuit de sommeil pour y réfléchir, ressasser tout ce qu’elle

               avait entendu et mettre tout cela au clair.

               Soudain, une forme étrange glissa sur la façade du bâtiment, attirant l’attention de la jeune

               femme. Elle eut à peine le temps de tourner la tête que l’oiseau qui était passé devant le soleil
               était déjà hors de sa vue. Elle aurait juré que c’était une mouette. Mais ici, en plein milieu de

               la ville ? Impossible. Ce devait être un pigeon, rien de plus.

               L’oiseau réapparut soudain, et se posa dans la cour, à l’opposé de l’endroit où se tenait Talia.

               Elle le détailla. Elle en était convaincue maintenant, c’était bien une mouette. Cette dernière

               fixa la jeune femme de son œil jaune mimosa. Puis, sans attendre son reste, reprit son envol,
               loin du 32 avenue du manoir. Peut-être retournait-elle vers la mer ? Comment avait-elle fait

               pour se perdre autant ? Ces questions tournaient dans la tête de Talia quand soudain, une brise
               plus forte que les autres balaya les branches du mimosa. Mille pétales volèrent, entourant la

               jeune femme d’une sorte de halo de fleurs qui se déposa sur ses épaules. On aurait presque dit

               un manteau de boutons d’or. Ou un châle doré.

               Et c’est là qu’elle comprit.


               …

               Un léger bruit de pas se fit entendre. Serait-ce les médicaments qui lui jouaient encore des

               tours ? Il n’avait pourtant pas entendu la porte s’ouvrir. Le vieux marin allait se rendormir
               lorsque Talia apparut dans l’encadrement du salon. Elle avait les  yeux  d’une personne qui

               avait pleuré. Elle s’approcha du fauteuil marron, le regard fuyant, sous l’œil inquisiteur de

               Georges.



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