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baissait énormément. Madame de Kerpoisson lui avait demandé de lui servir de
lectrice, elle disait que la douce voix de la jeune femme lui permettait de passer des
nuits paisibles malgré la maladie.
L’ingénue réussit à bredouiller :
« Excusez-moi Monsieur mais j’ai vraiment pris trop de retard, votre proposition ne
m’intéresse pas du tout et je vais de ce pas monter voir Madame votre mère ».
L’homme lui lança d’une voix cinglante :
« Il n’en est pas question Mademoiselle et de toute façon il est déjà trop tard, les
soins
de la vieille ne tolèrent aucun délai, vous le savez bien et j’ai versé dans sa tisane de
quoi lui permettre de partir sans douleur. Je vous raccompagne jusqu’à la station de
taxi et m’occupe de tout le reste ».
Jeanne chancela, il la retint fermement pour l’empêcher de tomber et se radoucit.
« Allons reprenez -vous, je vais vous aider à descendre les quatre étages, vous êtes
sûrement très généreuse mais vous vous ferez une raison dès que votre compte en
banque sera approvisionné.»
Trop choquée pour réagir elle se laissa porter jusqu’au pied de l’immeuble. Il héla un
Uber et la laissa. A peine assise sur le siège en cuir elle fut prise de remords et
demanda au chauffeur de la déposer au coin de l’avenue.
D’un seul coup la rage la dynamisa, elle courut à perdre haleine, composa le code du
323 et gravit les marches jusqu’au cinquième. La porte d’entrée était entrouverte.
Elle se précipita dans la chambre à coucher. Il était là, au chevet de sa mère
agonisante et la regarda livide.
« Elle m’a prise pour vous dans son délire et m’a demandé de lui lire son testament.
Cette vieille bique vous lègue toute sa fortune. »
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