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Tom ferma délicatement mais fermement la porte du hangar et égréna les différents éléments dans

            son esprit : un fourgon discrètement éventré, une surveillance vidéo qui ne devrait pas vraiment
            livrer beaucoup d’informations, une alarme qui n’avait rien perçu, une porte en bon état, même si il

            avait dû tordre légèrement une tige métallique du système de serrure. Il souffla, la mission
            s’achevait.


            Le vent pris une autre réalité quand ils se débarrassèrent des frontales, cagoules et bonnets avant de

            fermer les portières du break. Il frappait leurs peaux moites de sueur dans la lumière de l’aube. Il

            apportait un parfum de fraîcheur un peu inquiète. Il n’était pas le souffle libérateur, car il était
            chargé de l’histoire de ce matin, qui allait sans doute peser sur leur vie pendant de longs mois. Nora

            le savait et l’avait anticipé, ce voile sur la joie de la réussite, et elle redoublait de vigilance face aux
            doutes et aux émotions que pouvaient alors libérer son compagnon, dans ces moments fragiles et

            suspendus. Dans un calme et un silence normalisés, elle démarra le break, manoeuvra et roula
            tranquillement jusqu’au feu rouge qui marquait la sortie de la vieille zone industrielle.

            Les sourcils froncés, elle regardait droit devant elle et repassait le film des actions dans son esprit

            afin de détecter une possible erreur. Tom esquissa un sourire, relâchant son attention, repensant au
            dégoupillage du ventre du fourgon. C’était son œuvre, assurément, il pouvait en être fier. Attaquer

            un fourgon par le ventre, après tout ça n’était pas commun.

            - « Nora… On est bons, non, on a réussi ? Nom de Dieu, on l’a eu ce fourgon !
            -  Ça me semble réglo Tom. Faut rester bien concentré sur les jours qui viennent. On se met au

            chaud à l’appart’, on mate des films, on suit les infos, on fait pas de bruit, comme on a dit. OK pour
            toi ?

            -  Ah ça oui, parfait pour moi.
            - On reste au chaud, tranquilles. On aura le temps de travailler sur le plan pour la suite. Pas de

            cavale pour l’instant, ce serait trop suspect. On va prendre le temps.

            - T’as raison. Faut rester zen, surtout qu’y’a ta famille qui débarque dimanche avec des paquets de
            chips. »

            Ils rigolèrent doucement ensemble et se jetèrent un coup d’oeil. La donne était différente, le virage
            était pris, même s’il pouvait être long et soucieux.

            « Un bon cru finalement, ce vendredi 13 » se dit-elle.




            Ils aperçurent les premières fumées noires au carrefour de l’avenue derrière chez eux. Plus loin, les
            pompiers barraient l’entrée du square. Nora et Tom se garèrent dans la rue parallèle en planquant

            nerveusement leur équipement sous les sièges. Nora vérifia plusieurs fois que le coffre était bien


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