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N° 9                         Les vents d’ouest



            Il pleuvait ce jour-là lorsqu’elle s’est levée.

            « Ah ! Au fait quel jour sommes-nous » se dit-elle.

            « vendredi 13 ?! Zut ! »
            Elle n’aimait pas les vendredis 13 qui lui réservaient toujours des surprises.

            « Ah ah… Je sais ce que tu penses »  lança Tom, qui finissait son café pourtant encore bouillant.
            « Et pourtant, il faut y aller… Ce n’est pas nous qui avons choisi la date, n’est-ce pas ? »



            Agacée par le fait qu’il avait deviné ses pensées – elle détestait que l’on découvre ce qui se tramait
            dans sa tête, elle travaillait depuis longtemps à éteindre ses allures et les signes qui trahissaient ses

            émotions, qu’elles considéraient trop intimes pour être partagées à la volée – elle ne jeta qu’un
            regard fugace à son compagnon avant d’aller s’habiller. « Garde-moi du café » grommela-t-elle en

            fermant la porte de la salle de bains.


            Tom préféra assurer le coup, il rinça la cafetière italienne pour la reposer sur le gaz et relancer une

            nouvelle dose de breuvage. C’était pas vraiment le moment de se disputer. Aujourd’hui il y avait
            nécessité de solidarité, de compréhension et de justesse entre eux deux.


            Attaquer une banque, ça n’arrive pas tous les jours.




            Quand ils furent prêts, le silence s’installa. Devant le sac de matériel, qui représentait presque six

            mois de préparation intense, il fallait lutter contre le doute et la petite musique angoissante qui leur
            passaient dans le ventre.

            « Bon, on va pas se rendormir. C’est le moment » trancha-t-elle. Tom sursauta presque à l’annonce

            de cette vérité. Il lança le sac sur son épaule en soufflant un « Ouais » sous l’effort. Elle jeta un
            coup d’oeil circulaire dans leur petit appartement, comme pour garder une dernière image si jamais

            tout basculait en ce jour hasardeux et auréolé de superstition. Tom sortit en premier. Elle le rejoignit
            dans le couloir gris et elle claqua la porte.


            Vendredi 13 janvier à 5h25. Voilà la date et l’heure qu’ils avaient fixées et qui tenaient leur vie –

            devenue presque misérable – depuis des mois maintenant. Un transport de fonds, une adresse, un

            départ, une date et une heure. Ils marchaient vite désormais, vers ce rendez-vous, vers cette



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