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La rue des lilas
des goûts littéraires communs notre amitié s'imposa rapidement. Le temps
aidant nous étions devenues inséparables.
Profondément interpellée par le saccage de notre environnement, Margot
s'était engagée créant une association, où près de trois cents adhérents, plus ou
moins efficaces, l'avaient rejointe très rapidement, via les réseaux sociaux.
Militante pour l'écologie, mon amie posait un regard lucide, observateur,
souvent teinté d'ironie sur le monde qui nous entoure.
Petit bout de femme à la chevelure frisottée châtain clair, le nez retroussé, le
visage orné de treize taches de rousseur eh oui ! qu'il m'arrive de recompter
lorsque assise en face à une table je la contemple à loisir. Elle en rit
connaissant mes névroses... « Le 13 c'est ton porte bonheur. Tu as de la chance
d'y croire, moi j'y suis hermétique
Aujourd'hui à quinze heures je dois la retrouver chez elle avec sa troupe. Je
suis inscrite à titre de scrutatrice à cette réunion. Le sujet est d'actualité. Une
semaine avant Noël , elle veut à nouveau sensibiliser les commerçants contre le
faste des guirlandes illuminées contribuant à la surenchère du CO2. Margot est
révoltée par les mégots indestructibles jonchant le trottoir du bistrot dont les
tables encombrent le passage depuis que le virus a chassé les clients de
l'intérieur. « Bientôt les sapins rutilants deviendront des épaves de végétaux
sans vie abandonnés devant les portes cochères. » Son regard est sévère.
Justement ce vendredi treize décembre en fin de matinée, elle a obtenu un
rendez-vous à la Mairie, une réunion de plus concernant leur recyclage
imminent. Elle n'y croit pas trop !
Narquoise elle a baptisé la rue commerçante L'Avenue de tous les excès !
J'aime sa réflexion spontanée, ponctuée le plus souvent d'un haussement
d'épaules à son égard , assorti d'un soupir.