Page 47 - tmp
P. 47
2
la rue des lilas
encore tièdes, je n'ai pas résisté ! Je fête ma perte de poids arrachée à un régime
de treize jours, j' ai perdu un kilo trois cents! Et je n'ai pas dit mon dernier mot,
tu pourrais bien avoir du travail de retouches ! » Elle me sourit malicieusement.
La journée du 13 s'annonce sous les meilleurs auspices. Anna dépose deux
tasses sur le plateau de la machine à coudre , j'observe les traces de ronds plus
clairs sur le bois. J'ai la manie de compter et recompter les empreintes .
Aujourd'hui il y en a treize.
La cafetière un peu bruyante dégage un arôme envoûtant. Le café est mon
péché mignon. Après les agapes, Anna, sans attendre s'installe pour quelques
piqûres à la machine, sa main est tellement assurée que j'en suis à nouveau
ébahie. J'aimerais rester un peu plus longtemps, me sentant si bien ici. Mais
déjà Elfy s'impatiente. Il se sent pousser des ailes, apercevant par la vitrine, sur
le trottoir d'en face, le chat qu'il déteste cordialement. « Chien oblige » dis-je
comme à regret. « A bientôt! »
Dehors le temps s'est éclairci, la rue pentue apparaît dans toute sa splendeur. En
son centre un écoulement à l'ancienne la sillonne. Combien je l'aime cette rue
où les pavés enregistrent nos histoires. Cet après-midi je me rends chez Margot
ma meilleure amie. Je l'ai rencontrée il y a quatre ans. C'était au Parc des lilas,
probablement baptisé ainsi à cause de sa proximité avec la rue éponyme.
Pourquoi faire compliqué !
Je n'oublierai jamais ce jour de printemps où j'étais assise à l'ombre de l'arbre
aux cent écus, elle prit place sur le même banc, posant un énorme paquet de
dossiers qu'elle tenait à pleins bras. Nous échangeâmes seulement quelques
phrases banales sur la température particulièrement agréable en ce jour d'avril.
Le hasard fit que je la rencontrai à nouveau à la Médiathèque. Nous découvrant