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Le regard dur, il répliqua :

            « Puisque ces imbéciles vous ont manquée, je viens finir le travail moi-même ! Vous avez trouvé les
            caméras, n'est-ce pas ?! »

            Stupéfaite, Esther recula jusqu'à sentir le froid de l'étagère de son armoire contre son dos et, tout en
            cherchant sa propre arme à tâtons sur ladite étagère, elle souffla :

            « Comment...c'est vous ?! »
            Elle sentit un long frisson de peur la parcourir lorsque, contrefaisant sa voix, il répondit :

            « Ton tailleur bleu te va à ravir. »

            Reconnaissant la voix du mystérieux interlocuteur qui l'avait appelée quelques heures plus tôt,
            Esther murmura :

            « C'est bien vous ! Mais pourquoi ?! Que vous ai-je fait ?! »
            « Cela fait dix ans aujourd'hui, Esther, as-tu donc oublié ?! »

            Ne pouvant mettre la main sur son arme, Esther renonça et, fronçant les sourcils, elle demanda :
            « En quoi l'anniversaire de la mort de Paul vous concerne-t-il, Chef ?! »

            Il rétorqua avec violence :

            « C'est aussi l'anniversaire de la mort de mon frère, garce ! »
            Faisant preuve d'une assurance feinte, la jeune femme voulut l'écarter afin de quitter le vestiaire en

            prononçant :

            « Je ne comprends rien à ce que vous racontez ! Je ne connais pas votre frère, laissez-moi passer ! »
            Relevant le canon de son arme, il gronda :

            « Tais-toi et ne bouge pas, garce !...Ton idiot de Paul s'était infiltré dans le gang de mon frère !
            Celui-ci l'a découvert et il l'a puni, mais il a fallu que tu t'en mêles ! J'ai fait tout ce que j'ai pu pour

            retarder les investigations des collègues ! Même si je désapprouvais son mode de vie, c'était tout de
            même mon frère ! Sais-tu qu'il était claustrophobe ? Il n'a pas tenu en prison, et il s'est suicidé un

            vendredi 13 ! Tu vas payer, à présent ! »

            Esther était au supplice : non seulement elle découvrait que l'homme qu'elle avait aimé de toute son
            âme lui avait caché qu'il était policier, mais de plus, elle était terrorisée à l'idée que son chef pût la

            tuer de sans-froid, comme il paraissait en avoir l'intention. Affermissant sa voix du mieux qu'elle le
            pouvait, elle tenta de le raisonner :

            « Voyons, Chef, vous ne pouvez pas tirer, vous allez ameuter tout le commissariat ! Ce n'est pas moi
            qui ai tué votre frère ! »

            « Tu as raison, il vaut mieux éviter de tirer ! »

            Au moment où il rangeait son arme dans son étui, Esther le bouscula et courut vers la porte du
            vestiaire. Elle sentit l'inquiétude la gagner en constatant que celle-ci était fermée à clé et elle fit

            volte-face dans le but de récupérer enfin son arme dans son armoire, mais elle se retrouva avec le

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