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Cédant à la peur et à la tension qu'elle avait tenté de juguler durant ces quelques minutes de
confrontation avec l'Inspecteur Kerr, Esther s'effondra contre l'épaule du jeune homme en
sanglotant :
« J'ai eu si peur, Ken ! J'aurais dû me douter que ce vendredi 13 serait tout aussi désagréable que les
précédents et j'aurais dû rester chez moi au lieu de venir travailler ! »
Il l'aida à se relever sans mot dire. La tenant serrée contre lui, il repoussa d'un geste de la main les
policiers qui s'approchaient et la soutint jusqu'au bureau qu'ils devaient partager, l'aida à s'asseoir,
puis, à l'aide d'un mouchoir, il nettoya le sang qu'elle avait sur le visage et tamponna ses larmes. Ils
s'observèrent un instant en silence, puis Esther demanda :
« Comment saviez-vous, Ken ? »
« Je me suis infiltré dans le gang des Callan et, au cours de mes investigations, j'ai découvert que
Kerr était corrompu et fermait les yeux sur certains de leurs agissements moyennant finances...J'ai
entendu parler d'un contrat qu'il avait posé sur votre tête et j'ai décidé de vous protéger et de le
confondre. Tous les membres du gang sont déjà sous les verrous, à l'heure qu'il est. Notre rencontre
n'a pas été fortuite et c'était vous que ces hommes poursuivaient dans cette ruelle, pas moi. J'ai dû
utiliser le subterfuge du portefeuille pour vous attirer vers moi afin de vous soustraire à leur vue... »
Stupéfaite, Esther resta sans voix, se bornant à soupirer profondément.
Sortant le portefeuille qu'elle lui avait restitué, le sergent reprit :
« Vous n'avez pas ouvert ce portefeuille lorsque vous l'avez trouvé, n'est-ce pas, Esther ? »
Elle secoua négativement la tête et il ouvrit l'objet, puis le lui tendit. Esther étouffa alors un sanglot
en reconnaissant une photographie sur laquelle elle se tenait au côté de Paul, et Ken expliqua :
« Paul était mon cousin, Esther. Je l'admirais beaucoup, et c'est pour lui ressembler que je me suis
engagé dans la police...Je sais qu'il est décédé un vendredi 13 et que vous n'appréciez pas
particulièrement ce jour précis du calendrier, mais c'est aussi un vendredi 13 que nous nous sommes
rencontrés, et pour moi, c'est un événement heureux...Se pourrait-il... »
Il s'interrompit, ne sachant trop comment poursuivre, puis, plongeant son regard dans celui de son
interlocutrice, il poursuivit doucement :
« Depuis que j'ai cette photo en ma possession, j'ai l'impression de vous avoir toujours connue,
Esther...J'ai cru déceler dans vos yeux que je ne vous suis pas indifférent...Se pourrait-il que ce
vendredi 13 soit pour nous le point de départ d'une belle histoire ? »
Le regard d'Esther alla du visage de Paul à celui de Ken, et elle murmura :
« Je...ne sais pas si nous vivrons une...belle histoire, Ken, mais il y a une chose dont je suis certaine,
c'est que désormais, je ne regarderai plus le vendredi 13 avec autant d'aversion qu'auparavant,
puisque vous m'avez sauvé la vie par trois fois aujourd'hui, et je vous en suis profondément
reconnaissante ! »
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