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patrouille, avant de se prendre une balle dans l’épaule. De justesse, il réussit à leur échapper
et à se planquer quelque temps. Après des dizaines de perquisitions, les Allemands finirent
par le retrouver le 22 Mai. Il sera fusillé le 28 Août de la même année.
Elle arrêta son récit sans verser de larme.
Ses pensées s’étaient envolées vers son frère. Lucienne Cloarec mit quelques minutes
avant de reprendre. Elle se mit alors à décrire ses faits de résistance, les quatre hommes
cachés chez elle, le départ de Carantec avec eux et un ami marin, la tempête, Puis, après 24
heures difficiles, les côtes anglaises, le départ vers Londres.
-A compter du 3 Mai 43, je deviendrai infirmière auprès des Forces navales françaises
libres. J’aurai l’honneur, le 30 Septembre de la même année de recevoir la médaille nationale
de la Résistance proposée par le Général de Gaulle.
La sentant en confiance, j’enchainais les questions sur ces années à Londres. Son
engagement, son mariage avec un certain André Verrier, la libération puis son retour en
France. Avec calme, elle semblait répéter son histoire pour la centième fois.
Fatiguée, elle profita d’une éclaircie pour rentrer chez elle, ajoutant :
-Nous avons encore tellement de vendredis à passer ensemble. Je ne vais pas tout vous
raconter aujourd’hui. Les bourrasques la bousculèrent dès la sortie de la brasserie. Cependant,
tel un roseau, elle ne pouvait pas rompre. On la sentait invincible.
J’en profitai pour me tourner vers Aline :
-Vendredi 13. Belle journée pour une rencontre ? Une partie de cartes chez moi, ça te
dit ?
Du tac au tac, elle répondit :
-Seulement si l’on joue au Strip-Poker…
Taquine, elle cherchait à me tester. Je validais cette proposition avec un sourire assez
niais. En chemin, nos pensées étaient tournées vers notre « Gazelle de Morlaix ». Arrivés
trempés chez moi, notre seule difficulté fut d’enlever nos vêtements tellement humides qu’ils
collaient à la peau.
Notre fougueuse tempête passée, je repris mes esprits. Notre belle dame était une
résistante connue, ayant souvent souffert les vendredis 13.
Avec Aline, cette date marquait le début de notre aventure. Nous étions loin de penser
que cet amour serait au long cours.
La semaine passée à attendre Lucienne fut idyllique. Aline me taquinait et voulait
savoir pourquoi j’avais attendu si longtemps. Je lui rétorquai que je l’avais imaginée
entreprenante avec d’autres. Les choses clarifiées, nous voulions construire un amour d’un
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