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N° 48                       Treihz e Breihz


                  Il pleuvait ce jour-là lorsqu’elle s’est levée « Ah ! au fait quel jour sommes-nous ? »

                  se dit-elle. « Vendredi 13 ?! Zut ! » Elle n’aimait pas les vendredis 13 qui lui

                  réservaient toujours des surprises. Malheureusement, c’était bien là le seul souvenir
                  que Laurence devait conserver de cette pluvieuse journée de décembre.


                  Le calme régnait au premier étage de l’Hôtel-Dieu de Pont-l’Abbé dans le secteur Saint-

                  Luc du service polyvalent de soins de suite et de réadaptation. La fête de Noël
                  approchait et la patientèle avait déserté le service en ce mois de décembre sans verglas.

                  Les Urgences elles-mêmes, tournaient au ralenti. Cette nuit-là, le “patron” avait confié

                  la surveillance de l’unique lit occupé à deux jeunes internes fraîchement arrivés le matin
                  même.


                  Leur dîner avalé, les stagiaires décidèrent, pour meubler le temps et en prévision d’un

                  éventuel incident, de relire le dossier d’hospitalisation du seul lit dont ils avaient la

                  charge. Dans la chambre 13, une jeune femme souffrait d’une amnésie rétrograde
                  lacunaire après une blessure superficielle par balle. Cette dernière mention “blessure

                  par arme à feu” ne manqua pas de les intriguer. Ils découvrirent dans son dossier une
                  fiche de consignes détaillées portant le cachet de la gendarmerie de Pont-l’Abbé, rue

                  Louis Lagadic, ainsi qu’un entrefilet du Télégramme : « Une jeune étudiante, Laurence
                  Barr, victime d’un sniper à Pont-l’Abbé… ». Ces éléments peu courants renforcèrent

                  encore plus leur curiosité vis-à-vis de “la chambre 13” où ils se rendirent peu après.


                  Les traits tirés, le visage pâle, les cheveux en arrière, je me reposais dans la chambre 13.

                  Allongée dans la semi-pénombre contre laquelle luttait le halo fuligineux de la veilleuse
                  orangée, je cherchais le sommeil, isolée sous un casque hi-fi passé de mode. Perdue

                  dans mes pensées, l’apparition des deux visiteurs me fit sursauter. Ils devaient avoir

                  mon âge, vingt-cinq ou vingt-six ans tout au plus. Leurs blouses blanches et leurs
                  stéthoscopes bien en évidence me rassurèrent, dispersant l’inquiétude qui avait

                  furtivement traversé mon esprit.


                  L’espace d’un instant, la proximité de nos âges abolit les murs et les distances de
                  l’hôpital, pour laisser place à une conversation plaisante qu’auraient pu tenir des

                  étudiants de la même génération, au “Cafar” de Quimper, rue Sainte-Catherine. Ravie





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