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N° 47             ET SI ON EVITAIT DE SE FAIRE UNE CENE ?



               Il pleuvait ce jour-là lorsqu’elle s’est levée.

               « Ah ! au fait, quel jour sommes-nous ? » Se dit-elle.

               « Vendredi 13 ?! Zut ! »
               Elle n’aimait pas les vendredis 13, qui lui réservaient toujours des surprises. Elle se demanda

               d’ailleurs comment elle avait pu oublier qu’aujourd’hui serait un vendredi 13, alors qu’elle les
               notait un an à l’avance sur son calendrier. Et puis elle entra dans le salon, vit les bouteilles

               vides sur la table basse, et comprit pourquoi elle avait oublié. Elle se dit qu’il fallait qu’elle
               appelle Margot pour savoir si elle était bien rentrée après tout ce qu’elles avaient bu, mais

               Margot avait pris un taxi, donc il n’y avait pas de raison qu’il lui soit arrivé quelque chose, et

               de toute façon, elles allaient se voir au travail dans une petite heure : il n’était pas
               indispensable de lui téléphoner.



               On était donc vendredi 13. Elle s’arrêta un instant pour se revoir sortir du lit. Le côté gauche
               du lit était contre la cloison, il était donc quasiment certain qu’en pivotant pour se lever,

               c’était le pied droit qui avait touché terre en premier, et elle en fut immédiatement soulagée.


               Elle n’avait pas franchement faim, après tout ce qu’elle avait bu. Elle se dirigea en titubant
               vers la salle de bains. Une bonne douche chaude lui ferait du bien, et elle pourrait toujours

               grignoter quelque chose à la pause de dix heures. Elle s’apprêtait à mettre une serviette à

               chauffer sur le porte-serviette, lorsqu’elle aperçut une grosse araignée tranquillement installée
               dans l’angle du mur. L’animal n’était pas là la veille, elle en était sûre. Araignée du matin…

               celle-ci aurait bien pu attendre le soir pour se montrer ! L’écraser eût été pire, alors elle lui
               tourna le dos.


               La douche chaude lui fit du bien. Elle s’essuya en prenant soin de ne pas regarder la créature

               velue qui avait entrepris de coloniser son mur, puis s’habilla rapidement. Au moment de lacer

               ses chaussures, elle s’aperçut qu’elle avait mis une chaussette différente à chaque pied. Elle
               ne savait pas si cela pouvait avoir une signification et de toute façon, elle n’avait pas le temps

               de vérifier sur internet, alors elle resta comme ça. Elle repassa par la cuisine pour prendre ses

               clefs, qu’elle avait laissées par mégarde sur la table – mauvais présage aurait dit sa copine
               russe, elle s’en mordit la lèvre inférieure - et se trouva quasiment nez à nez avec un oiseau



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