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choisi au hasard. Tout nombre, sauf quelques-uns qu’on appelle justement des nombres de
               Lychrel. Cyrille avait bien étudié ce mystère mathématique qui n’était pas encore résolu de

               nos jours. Et il se trouvait que l’énigme qui devait terminer le jeu Pandora portait là-dessus.
               Comme si cette énigme avait été écrite pour elle. Elle connaissait le premier nombre de

               Lychrel qui ne possédait pas la propriété voulue : 196. Donc le nombre précédent, 195,

               fournissait la solution de l’énigme. Elle effectua rapidement les renversements et additions et
               au bout de quatre fois, elle obtint le nombre palindrome 9 339. C’était le nombre qui allait lui

               permettre de terminer le jeu, en ouvrant la boîte qui allait révéler l’ultime secret !
                     Avec une fébrilité incontrôlée, elle tapa ce nombre sur le clavier.

                     Aussitôt, elle comprit qu’elle avait gagné. La boîte devint de plus en plus lumineuse, un

               trait de découpe apparut comme si un couvercle se formait. La boîte allait s’ouvrir.
               Effectivement, le couvercle se souleva, jusqu’à faire un angle droit avec la boîte. Cyrille sentit

               son cœur battre à tout rompre et regarda l’intérieur avec une curiosité qu’elle n’aurait jamais
               cru pouvoir être aussi intense.

                     Elle ne vit rien. La boîte était vide. Elle ne voyait qu’un intérieur noir, aveugle. Puis

               soudain, un éclair blanc jaillit de la boîte, fulgurant, éclatant. C’était tellement puissant qu’elle
               dut fermer les yeux. Quand elle les rouvrit, l’écran de son ordinateur était éteint, noir comme

               la mort. Elle arracha son casque, pianota fiévreusement sur son clavier. Mais la machine
               semblait déconnectée. Elle essaya plusieurs fois de la relancer, en vain.

                     Elle entendit, provenant de son appartement, plusieurs claquements secs. Elle se leva,
               sortit de son bureau. Les volets électriques des différentes pièces achevaient de se baisser.

               Elle se rua sur la commande de l’un d’eux, mais celle-ci était devenue inopérante. Paniquée,

               elle alla dans la salle de bain, la seule qui possédait une fenêtre sans volets. Elle vit que la nuit
               était tombée au-dehors, très sombre et très angoissante. La fenêtre était, bien sûr, trop étroite

               pour permettre un passage d’homme. Elle se précipita vers la porte d’entrée et au moment où
               elle l’atteignit, elle entendit le bruit de la serrure qui se fermait. Elle essaya de la déverrouiller,

               mais le mécanisme ne fonctionnait plus.
                     De plus en plus effrayée, Cyrille ne comprenait plus rien. Elle essaya de réfléchir. Elle

               pensa à un outil pour débloquer la porte, mais le seul tournevis qu’elle trouva se cassa presque

               aussitôt quand elle attaqua la serrure. Sa respiration devint saccadée, l’angoisse montait en
               elle. Elle se dirigea vers une fenêtre qu’elle ouvrit. Se saisissant d’une chaise, elle commença

               à marteler le volet pour le briser. Elle savait que c’était inutile, car c’était un volet anti-

               effraction et il aurait fallu un tout autre appareillage pour le forcer. Elle s’affala sur le sol et se
               mit à sangloter.

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