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- Vous venez de temps en temps chez moi, discrètement. Disons, deux fois par mois.

                  Vous sauvez votre poste et, si vous êtes douée, vous aurez peut-être même une

                  augmentation.
                  Elle se redresse, furieuse, écœurée.

                  - Mais ça va pas, vous êtes taré !
                  Elle se précipite vers la porte, tente de l’ouvrir, se met à hurler.

                  - Ouvrez cette porte. Immédiatement, vous m’entendez, ouvrez cette porte ou…

                  -  Ou quoi ? Vous direz tout, et  alors ?  Qui vous croira ?  On dira juste que vous
                  m’accusez pour sauver votre poste. Réfléchissez.

                  - C’est tout réfléchi. Ouvrez cette porte.
                  - Très bien, comme vous voudrez, dommage, dit-il en lui caressant les cheveux.

                  A peine la clé tournée, elle se précipite au dehors. Elle entend, avant que la porte ne se

                  ferme, une voix péremptoire qui sort du PC de son DRH.
                  - M. Bergeret, veuillez venir dans mon bureau. Immédiatement. Vous devriez toujours

                  vérifier que votre caméra et votre micro sont coupés.
                  Elle referme la porte, le cœur affolé, une nausée au ventre.


                  Une fois apaisée, elle  sortit son portable. Un message de la  banque l’attendait.

                  Quelqu'un avait trouvé sa carte bleue devant la gare et l’avait ramenée à l'agence.


                  Passées 18h, elle quitta le bureau. Au pied de l'immeuble, Souleymane l’attendait. Ils

                  allèrent marcher un peu. Il faisait doux et clair. Ils s’installèrent au pied du sycomore

                  dont l’ombre vaste et fraîche étalait une nappe noire sur l’herbe du jardin public.
                  - Alors ?
                  - Alors, c’est bon, dit-elle en souriant - elle résuma les évènements -. J’ai même eu droit

                  à des excuses de la part de la direction. Ils m’ont fait signer un CDI et Bergeret est viré.

                  - Réjouissant ! Quel salaud ! Bien fait pour lui. Les vendredis treize, ça n’existe pas, je
                  te l’avais dit.

                  Elle chercha une suite approximative.

                  - Vedi, vidi, vici…
                  Il lui fit une moue bienveillante.

                  - Limite mais j’accepte.




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