Page 13 - tmp
P. 13
qu’elle n’avait pas envie de déranger, un samedi, pour aller chercher la
copine malchanceuse.
Elle a entendu dans le couloir le bruit typique des chariots qui
emmènent les plateaux repas. Le matin, dans les couloirs des hôpitaux, les
soignants s’agitent dans tous les sens pour essayer de répondre aux
demandes des patients. Certains ont passé une mauvaise nuit, certains crient
de douleur, d’autres appellent parce qu’ils veulent tout simplement qu’on
s’occupe d’eux, pas question de devenir les laissés-pour-compte du
troisième étage.
Et il y a Mary, qui ne dit rien, qui attend sagement au fond de son lit
que lui dise quoi faire. C’est facile pour elle, parce qu’elle est là seulement
depuis hier. Sa vie n’est pas en danger, et elle ne souffre pas. Elle va juste
devoir accepter la cicatrice sur sa tempe droite. Elle ne sait pas encore à
quoi elle va ressembler, elle préfère s’épargner les égarements de son
imagination.
Elle s’est levée après avoir pris son petit déjeuner. Elle a regardé à
travers la fenêtre, le ciel était gris et il y avait encore du vent. Elle est allée
dans la salle de bain, elle se sentait encore un peu faible. Elle a vu son
visage dans le miroir, elle n’avait pas l’impression que c’était elle.
Elle s’est assise sur la chaise bleue, elle a pris son sac et elle a
regardé le collier qui venait de la sauver de la mort. C’était sa seule
distraction avec son téléphone. Elle avait presque envie d’appeler Ernesto
pour le lui dire. Le numéro avec lequel elle l’avait appelé pour le collier,
était encore inscrit dans le journal de son téléphone, mais elle n’a pas osé.
8

