Page 16 - tmp

N° 3 La cachette du chat noir

Il pleuvait ce jour-là lorsqu’elle s’est levée.

« Ah ! Au fait quel jour sommes-nous ? » se dit-elle. « Vendredi 13 ?! Zut ! »
Elle n’aimait pas les vendredis 13 qui lui réservaient toujours des surprises.

Par exemple, l’an dernier, il lui était arrivé une drôle d’histoire qu’elle n’était pas près
d’oublier. Elle était en chemin pour le travail et comme elle préférait marcher, elle s’était

préparée à l’avance pour pouvoir profiter de sa balade sans avoir à se soucier d’arriver à
l’heure… Là, une petite fille l’avait interpellée concernant sa tenue qu’elle jugeait « digne

d’une princesse », et elle l’avait tout simplement remerciée avec un grand et chaleureux

sourire.
Rien d’anormal en somme, et la journée s’annonçait même prometteuse : le soleil brillait

haut dans le ciel à seulement sept heures du matin, et elle avait eu le droit à un adorable
compliment. Mieux, il lui restait encore beaucoup de temps pour flâner dans les rues. C’est

pourquoi elle décida d’emprunter un chemin différent de celui qu’elle prenait habituellement.
Elle ne l’avait jamais pris avant pour la simple et bonne raison que ce n’était pas un raccourci

et cela lui aurait fait perdre du temps, mais ce jour-là elle pouvait se le permettre. Le chemin

était agréable et très fleuri, les rues étaient désertes. Même les plaques d’égouts étaient
colorées, car décorées à la peinture. Quelques chats errants faisaient allègrement leur toilette

çà et là. Elle se serait crue dans un film et marchait à vive allure pour profiter le plus possible

de cette rue qu’elle découvrait pour la première fois. Seulement voilà… Ça n’en finissait pas.
On aurait dit une mauvaise blague du ciel, une farce divine : elle allait être en retard !

Elle choisit de faire demi-tour et, tandis qu’elle marchait à grands pas sur les plaques
d’égouts, l’une d’elles se retourna sous le poids de ses talons… Alors qu’elle aurait pu

s’attendre à se retrouver noyée dans un fluide douteux à l’odeur nauséabonde en compagnie
de quelques rats avec peut-être en bonus, une entorse à la cheville, rien de tout cela ne se

produisit. Elle se frotta les yeux à plusieurs reprises et constata avec horreur qu’elle ne voyait

plus rien.

« Suis-je morte ou bien aveugle ? » se demanda-t-elle dans un calme impressionnant,
preuve qu’elle avait déjà connu des vendredis 13 plus pénibles encore.

1