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était venue s’assoir à côté d’elle. Elles avaient commencé à parler, elle lui
avait expliqué qu’elle était dermatologue à l’hôpital d’Evreux et depuis ce
jour-là, elles étaient devenues les voyageuses inséparables du Paris-Evreux.
Au bout d’une heure, le crissement strident des freins du train
arrivant en gare, a mis un terme à leur conversation. Elles se sont séparées
sur le quai avec un banal bonne journée mais pour elles, il signifiait
beaucoup. Il était plein d’une mutuelle compassion. Il était fait pour se
donner du courage car le contact avec la maladie pour l’une et la misère
pour l’autre, les vidait insidieusement de leur énergie vitale.
La voiture de Mary était garée sur le trottoir, en face de la gare.
C’était comme une amie qui l’attendait, un petit réconfort dans cette ville
qu’elle détestait. Lorsqu’elle l’apercevait, elle savait que c’était presque la
fin du périple, l’étape ultime avant la plongée dans l’univers pathogène de la
PJJ. Il n’y avait pas vraiment de transport pour se rendre au centre. C’était la
seule solution qu’elle avait trouvée pour gagner de précieuses minutes pour
ne pas être en retard.
Elle est enfin arrivée dans ce hangar hideux qui abritait les salles de
cours. Elle a salué les jeunes qui étaient là, les aides éducatrices qui les
accompagnaient et elle s’est installée dans la salle. Elle a passé la journée
entière à essayer d’accomplir sa mission du mieux qu’elle le pouvait mais
elle n’avait qu’une hâte : s’en retourner à Paname, comme disaient les
jeunes, pour désigner la capitale. Elle devait être à dix-huit heures en
banlieue pour récupérer le collier et pour rien au monde, elle n’aurait
manqué ce rendez-vous.
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