Page 11 - tmp
P. 11
Au petit matin, elle a ouvert les yeux doucement. Ses paupières
étaient lourdes. Le pansement, au-dessus de son œil droit, tirait la peau vers
le haut de sa tête. C’était un peu douloureux. Le lit dans lequel elle gisait
n’était pas le sien. Il avait dû appartenir à des centaines de personnes de
passage, comme elle. Elle aurait presque pu se sentir à la maison, si une
aiguille d’acier ne transperçait pas sa veine, pour alimenter son corps.
Elle a tout de suite vérifié du regard si son sac était là car il contenait
le précieux achat qu’elle avait fait juste avant l’accident. Il lui faisait face
sur la petite table à roulettes, à côté du lit. Ses vêtements étaient
négligemment posés, sur une chaise en plastique bleue, un peu éventrée.
La lumière du matin s’était invitée dans la chambre. C’était une
présence agréable et rassurante, elle était contente d’être encore en vie pour
pouvoir l’accueillir. Elle s’est rappelé qu’on était le samedi 14 octobre. Elle
a à peine eu le temps d’essayer de se remémorer la raison qui l’avait amenée
jusqu’ici, lorsqu’elle a entendu le clic métallique de l’ouverture de la porte,
et un éclat de voix dynamique :
─ Bonjour Madame ! Comment vous allez ce matin ?
─ Bonjour ! Ça va bien, je pense, mais j’ai encore un peu mal.
─ C’est normal avec le choc que vous avez eu ! Et les points aussi, ça doit
vous tirailler, non ?
─ Oui, un peu.
6

