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Juste à ce moment, le train ralentissait. Le ruban gris de la Vilaine jouait à cache-cache

               avec les arbres. Les premières demeures de Redon émaillaient la nature, puis
               apparurent les infrastructures de la gare.

               Retour au décor urbain, ralentissement dans le chahut chuinté des freins, puis

               arrêt final devant le quai qui se réveillait dans l’orchestration sifflée du chef de gare.
               L’homme au cartable de cuir fut le premier à descendre, suivi du chien noir qui tirait

               ses deux vieux au bout de sa laisse. Des parapluies colorés s’ouvraient comme des
               fleurs. Retrouvailles touchantes et arrivée de voyageurs pressés parmi lesquels Luce

               se haussait du col pour apercevoir sa très belle amie Isis.
               Au bout du quai, nez en l’air, insensible à la pluie fine, le musicien flânait.

               Attelée à son sac de voyage, l’étudiante rousse descendit du train en dernier.

               Seul le gaillard blond était resté.



               Dans son compartiment, tombé à genoux et perplexe, l’homme était la proie de

               tremblements convulsifs. Son regard ahuri allait de la vitre fermée à la porte bloquée.
               Nulle issue. Pourtant, la femme avait disparu.

               Comment cette étrange passagère avait-elle fait pour se volatiliser ?
               Et par où ?



               De sa main droite, il voulut refermer son pantalon, mais ses doigts rencontrèrent une

               étrangeté de taille : le tissu béait sur un trou et… une plate absence. Horreur !

               L’horreur fut bien pire encore quand il s’aperçut que, tout au bout de l’autre bras, il lui
               manquait… la main.
























                Paquets clandestins : 6 pages ; 14 757 signes

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