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dans de vieux cartons emplis de souvenirs d’autrefois, une photographie de
classe, et elle avait décidé de réunir les anciennes, comme cela, pour
s’amuser et voir ce qu’elles étaient devenues. Sept d’entre elles avaient
répondu à l’appel. Margot faisait partie du lot. En réalité, elle n’avait gardé
que peu de souvenirs de cette époque éloignée et elle ignorait pourquoi elle
avait accepté l’invitation. Elle se rappelait à peu près de Lou, certes, mais
quant aux autres, même si elles figuraient toutes sur le même cliché, elle
n’en avait pas gardé de souvenir. Impression qui s’était accrue lorsqu’elle les
avait vues arriver l’une après l’autre chez Lou, qui en voiture, qui en train.
Elle avait même fait le voyage dans le même wagon que deux anciennes et
c’est avec surprise qu’elle s’en était rendu compte lorsque Lou les avait
toutes trois accueilles à la gare.
Lou avait à Quimper une très grande maison pleine de chambres d’amis et
entourée d’un beau jardin, et toutes ses camarades avaient été invitées à
demeurer chez elle. C’était sans doute ce qui avait décidé la plupart d’entre
elles, se dit Margot. Il est toujours si plaisant de passer un peu de temps
chez les autres, dans de si bonnes conditions. Lou avait fait agrandir la photo
de classe et l’avait accrochée sur un mur, en entourant d’un coup de feutre
rouge celles qui avaient répondu positivement à son invitation. Et l’on s’était
regroupées devant la photo, en gloussant à qui mieux mieux. Mais comme
ces filles avaient changé ! Elles étaient méconnaissables, et on avait du mal
à retrouver les traits des fillettes de douze ans dans ceux de ces femmes
proches de la quarantaine. Elles auraient tout aussi bien pu prétendre être
l’une des autres enfants qui souriaient sur la photo. Chacune s’était
présentée aux autres, et à chaque fois, c’était des cris de joie et des
embrassades, comme si le temps n’avait pas eu de prise sur elles et comme
si elles se reconnaissaient. Mais Margot savait qu’il n’en était rien.
Cependant, comme toutes les autres, elle se prêta au jeu, histoire de ne
vexer personne.
« Alors, les filles ! s’exclama Lou. Qui se souvient de bonnes histoires à
raconter sur ces années ? » Et sans attendre davantage, elle évoqua leurs
professeurs, et les petites anecdotes qui avaient émaillé leurs vies d’écolière,
guettant l’approbation des autres qui réagissaient à leur manière, soit pour
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