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important, mais je suis incapable de savoir lequel ». Marie, tout en suivant du
                   regard un bateau qui s’éloignait du port pour aller affronter la mer, répondit

                   doucement : « Eh bien tu n'as pas tort. Figure-toi que j’éprouve les mêmes
                   sentiments que toi. Je peux te confier un secret ? » demanda-t-elle en se

                   penchant vers Margot. « Oh oui, répondit cette dernière, soudain

                   intéressée ». Mais semblant de rien elle tira Marie un peu en dehors du
                   groupe, car elle avait remarqué que les autres femmes s’étaient tournées

                   vers elles et leur jetaient des regards très énigmatiques. Marie, qui elle aussi
                   avait perçu le malaise, chuchota à son oreille : « J’ai l’impression qu’on est

                   espionnées. Si tu veux, viens ce soir dans ma chambre, on pourra parler ».

                   Puis elle éclata de rire comme si elle venait de raconter à Margot une bonne
                   histoire et Margot, qui était futée, éclata aussi de rire. Les regards des autres

                   cessèrent de se poser sur elles.

                   Durant le diner l’impression de malaise de Margot grandit encore, malgré les

                   rires et les propos joyeux qui fusaient autour de la table, et la jeune femme
                   prit la décision de repartir le lendemain, ce qu’elle annonça soudain : « Lou,

                   je trouve cette réunion épatante. Vraiment je ne saurais trop te remercier de

                   cette merveilleuse invitation. Mais j’ai beaucoup à faire et je dois repartir
                   demain. Mais, promis, on se reverra ! ». Ces paroles furent suivies par un

                   silence de mort et des regards furent échangés d’un bout à l’autre de la table,

                   qui n’échappèrent pas à la perspicacité de Margot. Puis les conversations
                   reprirent, comme si de rien n’était. Après le diner, quand tout le monde fut

                   retiré dans les chambres, Margot gratta discrètement à la porte de Marie qui
                   la fit entrer. Elles s’assirent toutes les deux au bord du lit et Marie prit la

                   parole à voix basse.

                   « Ecoute, je crois bien que ni toi ni moi n’ayons jamais été dans cette classe.


                   – C’est bien ce que j’avais pensé moi-même, mais enfin nous nous sommes

                   bien reconnues sur la photo, et on y voit bien Lou, qui est semblable aux
                   autres photos qu’elle nous a montrées.


                   – J’y ai bien réfléchi, et ce matin, pendant la promenade sur le port, je me
                   suis souvenu tout d’un coup de Lou. En fait, Lou avait une sœur jumelle. Et

                   je crois que celle qui nous reçoit ce n’est pas Lou mais sa sœur jumelle.



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