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N° 15

                                           LA PHOTO DE CLASSE






                   « Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec

                   celles qu’elle avait considérées comme ses amies. Un malaise persistait en

                   elle. Ses pensées furent interrompues par l’arrivée du train. La porte s’ouvrit,
                   elle mit un pied sur la première marche, leva la tête et s’arrêta brusquement.


                   « Non, se dit-elle, je ne peux pas prendre ce train. Je sais que je ne dois pas
                   le prendre ».


                   Elle ignorait pourquoi elle avait pris cette soudaine décision mais il lui sembla
                   en cet instant précis que c’était la seule chose à faire. Elle se retourna, vit sur

                   le quai Blanche et Olga qui la fixaient avec un air curieux, tout en agitant

                   leurs mains pour lui dire au-revoir, mais quelque chose en elles lui sembla
                   anormal. Le sourire que ses deux amies affichait était contraint, comme figé,

                   et leurs corps avaient une sorte de curieuse rigidité qui la mit mal à l’aise.

                   « Elles attendent de me voir partir, songea-t-elle. Elles veulent me voir partir.

                   Elles vont certainement rester jusqu’au départ du train. »

                   Toujours un pied sur la première marche, elle hésitait, tout en souriant aux

                   deux autres, mais tout en elle lui criait de ne pas partir. Pourtant, tirant sa

                   petite valise, elle grimpa, avança dans le wagon, puis regarda par une
                   fenêtre. Blanche et Olga lui tournaient à présent le dos et prenaient la porte

                   du hall qui conduisait à la sortie.

                   Margot poussa un soupir de soulagement, puis prit sa décision. Elle allait

                   sortir de ce train et réfléchir à la situation. Il lui fallait absolument trouver ce

                   qui clochait. Quelqu’un était en danger, elle le sentait, et intuitivement il lui
                   semblait qu’elle devait agir et qu’elle tenait la clé de l’énigme. Quelle énigme ?

                   Elle n’en avait aucune idée, mais elle devait agir.

                   Pourtant elle avait passé avec ses amies d’excellents moments. C’était une

                   réunion « d’anciennes », qui avait été organisée par Lou, une vielle copine

                   de collège. L’affaire avait démarré lorsque Lou avait découvert chez sa mère,


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